2004 Libye
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                               « Où sont mes frères de rêve,

                                  ceux qui jadis ont bien voulu me suivre

                                  en Arabie, Pétrée et dans le Waddi Rum ?  

                                  Que ceux-là viennent avec moi au Sahara ».                                  

                                                                     ( Théodore MONOD )                   

 

LIBYE 2004                                                             

                             « Qui n’ira pas dans la charmante Libye,

                                j’assure qu’il en éprouvera des regrets ».

                                                               ( L’Oracle de Delphes )

 

      A la croisée des chemins entre le Maghreb et l’Afrique Noire, la Libye est l’une des grandes oubliées des livres de voyage. Qualifiée d’ensorcelante par de grands voyageurs comme Isabelle EBERHARDT ou Théodore MONOD, elle préserve jalousement sa culture et ses traditions par son authenticité, sa véracité, sa virginité. Là, du littoral méditerranéen au confins du désert du Sud, les plus grandes civilisations ont laissé leurs vestiges. Autrefois on l’appelait la « demeure du grand vide ». La Libye est un immense désert grand comme trois fois la France. Un océan de sable qui détient deux records mondiaux. La plus forte température enregistrée : 58°c près de Tripoli, la capitale, et la plus faible densité de population : deux habitants au Km2. C’est aussi “le désert le plus aride et le plus hostile du monde “ d’après Saint-Exupéry. La Libye toute proche de nous reste à l’écart des circuits touristiques pourtant elle offre aux voyageurs curieux ses multiples trésors archéologiques écrits dans la pierre ou le sable d’un des déserts les plus beaux du monde. L’histoire de la Libye est la communion des plus grandes civilisations. Jalonnant la mer méditerranéenne, les ruines de Sabratha, Leptis Magna, Apollonia, Cyrène... sont envoûtantes. Ces riches cités assuraient le débouché d’un commerce caravanier saharien qui apportait vers la Méditerranée la poudre d’or, l’ivoire, les autruches et les esclaves aussi. Trois milles ans vous contemplent du haut des ces vestiges de chapiteaux ( je sais cela a déjà été dit ailleurs ), de ces colonnes penchées, de ces statues à peine griffées par le temps. Le sol est jonché de débris de jarres et d’amphores comme si ces villes venaient juste d’être abandonnées, laissées aux mains d’envahisseurs d’un nouveau genre. La Libye a mille visages. Mille raisons de l’aimer. Mille raisons de s’y rendre. C’est pourquoi il est temps d’ouvrir l’esprit des curieux que nous sommes à ce pays fabuleux.

 

« Pays ensorcelant, pays unique où est le silence, où est la paix à travers des siècles monotones »

                                                                                                  (Isabelle EBERHARDT)

 

      J1          PARIS       /     TRIPOLI

 

« Il faut voyager, voyager pour agrandir la vie » disait Jules Renard.

Ceci est vrai à condition de quitter notre pays et pour ce faire il faut passer par Paris !! Ce qui au départ de Strasbourg est déjà une aventure devient très vite une galère avec Air France. Une partie du groupe s’est vue refusée l’accès à l’avion pour Roissy CDG au prétexte qu’il manquait une hôtesse à bord, absence liée probablement à des problèmes cataméniaux qui surviennent en moyenne trois fois par mois dans l’aviation civile française !! Ils se sont donc retrouvés à Orly puis dans une navette pour CDG. Lulu, grande spécialiste de l’administration française, leur a dit avec l’énergie et le sens de la périphrase qu’on lui connaît, tout le bien qu’elle pensait de cette grande compagnie de vol (organisé). Dans le groupe suivant c’est au tour d’Anne-Cécile d’avoir des frayeurs : on lui refuse l’accès à bord en raison d’un “surbooking “ !!!. Nouvelle tempête au guichet d’Air France et comme par miracle une “certaine catégorie de personnel “ lui trouve une place dans l’avion. Il ne nous reste plus qu’à montrer les radios ( face et profil ) de la hanche de Patrick dont la prothèse déclanche toutes les alarmes de l’aéroport.

Finalement c’est au complet et à l’heure que nous embarquons sur le vol 8U901 de l’Afriqiyah Airways en direction de TRIPOLI. Nous y débarquons en plein Ramadan et de plus au moment du coucher de soleil. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire l’aéroport devient désert et les tapis roulants s’arrêtent. Tout le personnel prend son premier repas de la journée et va à la prière. Nous attendons patiemment leurs premiers rots (hamdullah ! ) pour récupérer notre bagage et nous rendre à notre hôtel. Nous sommes pris en charge par ABDOU, le seul guide francophone muet de la Libye.

Dîner en ville au restaurant Safin, bien connu dans son quartier pour la qualité des tadjines, couscous et chorba. Très bon.                  

Nuit à l’hôtel EL MEHARI

 

  J2                      TRIPOLI     

Matinée consacrée à Tripoli. Nous commençons notre visite par le grand musée national de la non moins grande Jamahiriya qui renferme de magnifiques mosaïques et des statues non moins belles récupérées sur les sites de Leptis Magna et Sabratha. Quelques salles sont consacrées à la culture arabe traditionnelle et moderne. Il contient aussi une pièce unique chargée d’Histoire et d’émotion: la “coccinelle”  VW du Grand Guide de la Révolution Moammar KADHDAFI. Le Saint Suaire et la Joconde font pâle figure devant un tel objet. Devant le château musée s’étale la Place Verte ( ici tout est vert ) ASSAHYA AL KHADRA, le coeur de la capitale, débordant d’animation le jour et placée sous le feux des projecteurs la nuit. Un flot incessant et bruyant de voitures coule des grandes artères qui y débouchent. Une fontaine aux chevaux marins en marbre nous rappelle que le quartier italien est tout proche. C’est là que se trouve la galerie AL HAMARA qui offre une fraîcheur salvatrice aux chaudes heures de l’après-midi. Les tripolitains aiment s’y arrêter le temps d’un café sous ses arcades, pour des palabres sans fin, le narguilé vissé aux lèvres. D’autres laissent vagabonder dans les volutes parfumées de roses et d’épices de leur pipe à eau. La ville coloniale est un mélange de styles aux réminiscences classiques, modernes et orientales. Les constructions sont tournées vers une cour intérieure qui protège l’intimité de chacun. C’est là que se concentre la vie secrète des hommes et de leurs familles. On y exhibe ses richesses, on y exprime son niveau social, son appartenance à un clan. Les murs extérieurs sont par contraste muets et sobres. Parce que Tripoli aime à cultiver ses secrets d’alcôves. Parce que taire est une forme de révélation. Mais aujourd’hui Tripoli paresse. Tripoli se laisse aller à toutes les faiblesses. Les rues sont désertes et les hommes discrets. C’est le Ramadan ! Sur les balcons verts il n’y a jamais personne. Aujourd’hui il n’y a pas de travail mais du temps, beaucoup de temps. Seul Gérard s’affaire à la recherche d’une pharmacie en manque qu’il est d’aténolol. Il trouve sa drogue favorite mais perd Betty. Un bonheur n’arrive jamais seul... A travers les palmiers du front de mer, d’énormes buses glorifient le “Grande Rivière “, sous le regard d’immenses portraits de Moammar Kadhafi. De l’autre côté de la place la tour de l’Horloge, élevée en 1850 par les ottomans et non loin BAB AL MENCHIA, la porte d’accès à la vielle ville. Un fois la porte franchie on entre dans les souks qui s’organisent autour de plusieurs corporations, qui de père en fils, et ceci depuis des générations perpétuent les gestes de leurs ancêtres. Chaque corps de métier est regroupé par quartier et les frontières qui les séparent sont brutales. En quelques pas les visiteurs passent d’un univers de saveurs à un monde de couleurs ou d’odeurs. Ce promener ici c’est aussi constater le brassage des peuples, un libyen sur six étant un immigré. Noirs, arabes, berbères, touaregs et méditerranéens ne forment qu’une entité tout en exhibant fièrement leurs différences. Un va et vient de gens enturbannés auxquels vient rarement se joindre une silhouette féminine. Ici ou là des vendeuses soudanaises ou tchadiennes proposent, à même le trottoir, quelques pharmacopées : petits bouts de bois pour nettoyer les dents, pots de khôl préparé à base de malachite broyée ou le fameux henné. Le souk enfin, c’est un endroit de rencontres, un chemin de croisée où l’on garde une fascination pour celui qui vient d’ailleurs. Dans ces véritables cavernes d’Ali Baba où claquent les ors, prendre son temps est la règle pour qui vient acheter. Le marchandage est de mise, véritable rituel, répondant à des codes précis de rhétorique et de gestuelle. Plus loin dans le quartier des dinandiers l’air semble vibrer sous le choc des marteaux qui tapent en cadence sur les métaux noircis par le feu et sur les cuivres brillants tandis que le ronflement sonore des soufflets fait un bruit comparable à celui d’une ruche en activité.. Le long des murs s’alignent des croissants de métal façonné pour orner les coupoles des mosquées, des mortiers, des chaudrons de toutes tailles, des tuyaux de narguilé... De nombreux funduqs ( ou caravansérails ) où se rencontraient caravaniers et commerçants sont transformés en galeries marchandes ou boutiques. La vieille est empreinte de style mauresque où se marient mosaïques colorées et stuc ouvragé. Il fait bon y flâner. Le regard est attiré par les moucharabiehs grillagés et les lourdes portes de bois finement sculptées entrouvertes sur la fraîcheur des cours. Derrière ces murs silencieux, la vie se cache trahie seulement par un frôlement, un murmure échappé de l’obscurité d’un couloir.

Aujourd’hui Tripoli, la blanche fait le dos rond aux caresses du soleil. Elle offre ses façades aux rayonnements de l’astre, réflecteurs aveuglant les rares passants et les rues. Sur le rivage quelques pêcheurs traînent. Dans les souks personne n’a envie de marchander. Les habitants attendent seuls ou à deux. Ils tracent du doigt des lignes et des creux dans le sable, jouent avec des noyaux de dattes ou des cailloux. Ils attendent les cinq prières de la journée et la tombée du soleil pour reprendre la vie. Seul témoin aujourd’hui de la présence romaine, lorsque la cité s’appelait OEA, l’arc de triomphe de Marc-Aurèle.

Seul face à la mer cet édifice de marbre constitué de quatre faces de douze mètres de haut a traversé miraculeusement les siècles sans subir de dommages. La ville est hérissée de minarets et de dômes dont ceux de la grande mosquée des fatimides, la mosquée AHMED PACHA QARAMANIL, calquée sur celle de Kairouan en Tunisie. Seule exception l’ancienne cathédrale du Sacré-cœur transformée en lieu de culte islamique. L’esprit cocardier a poussé le groupe jusqu’à l’ancien consulat de France qui doit devenir le Centre culturel méditerranéen. Petit palais riche en colonnades de marbre et de murs ornés de carreaux de faïence. Betty et Gérard se retrouvent enfin. Grand moment d’émotion. Là-dessus nous quittons Tripoli à travers un paysage rural ( oliveraies et palmeraies ) et semi urbain (installations portuaires et industrielles).

Ne respectant pas le Ramadan nous prenons un repas en route avant d’arriver à l’antique SABRATHA. Notre visite du site commence par l’incontournable musée dans lequel sont conservés de petits objets divers, les mosaïques de le basilique de Justinien et la plupart des statues, fresques et autres mosaïques trouvées sur le site. A la sortie du musée nous frisons l’incident. Chantal-Anne-Marie-Marguerite fait des commentaires désobligeants sur des soi-disant joueurs de pétanque à la recherche du cochonnet sur une esplanade. En fait il s’agissait de la quatrième prière de la journée !! SABRATHA, nichée au bord de la mer, qui compta jusqu’à 30 000 âmes permet de comprendre ce qu’était la vie quotidienne d’une telle cité à cette époque. On y trouve les deux édifices indispensables à la vie de la ville: la curie ( lieu de réunion du sénat ) et la basilique civile (tribunal) devenu ensuite un ensemble chrétien ( église et baptistère ). L’ensemble est complété par l’esplanade du forum, des temples, des thermes, des quartiers résidentiels et commerçants, un port, des basiliques chrétiennes et des latrines fort conviviales. Mais le joyau de cette cité est son théâtre. Grâce à sa conservation il restitue pleinement la magie du lieu. Le pulpitum, bas mur de scène est un véritable chef-d’oeuvre. Ses sculptures représentent des figures emblématiques du théâtre et de la comédie: muses, mimes, pantomimes, danseurs, déclamateurs, acteurs ... On y reconnaît aussi les trois grâces : Aglaé, Thalie et Euphrosyne. Il y aussi le symbole de Rome, femme casquée en tenue d’amazone, Mercure, le dieu du commerce et des voyageurs portant Bacchus enfant ( dieu du vin et de la vigne immanquablement associé à la tragédie et l’art lyrique dans la mythologie romaine). Après cet épisode hautement culturel retour à Tripoli.                                         Dîner en ville.              Nuit : Hôtel EL MEHARI

 

      J3    TRIPOLI  /LEPTIS MAGNA/ GHARIAN                                 

 

« Que l’on célèbre ses ouvrages au-delà du temps et des âges, au-delà de l’éternité »                                       

                                                                                                         ( Jean Racine )

Nouvelle journée culturelle au programme. Nous prenons la route vers le dernier contrefort oriental du djebel tripolitain, une zone de collines suffisamment arrosée pour y pratiquer l’élevage, la culture de l’olivier et celle des céréales. La plaine s’étend vers l’est large et riante avec ses palmeraies irriguées et ses jardins luxuriants. De nombreux mausolées parcourent la campagne, ainsi que d’anciennes huileries qui procuraient d’appréciables revenus aux habitants de la région. En route nous rencontrons une nuée de criquets fondant sur les oliviers et les réduisant à l’état de troncs morts se dressant tels des fantômes sur les collines. Effrayant !         

Et nous voila arrivés à LEPTIS MAGNA, Leptis la grande, la Septimiène. Leptis version hellénisée, puis renommée du nom phénicien Ipqi, rappelant au passage qu’elle n’était pas que la ville de Septime Sévère mais au départ une escale des marins phéniciens. Vents de sable, pluies, dépôts d’alluvions, séismes et indifférence n’ont pas eu raison d’elle. Aujourd’hui elle est un ensemble de ruines qu’il faut rendre au monde. Chaos archéologique où tout ce qui était en haut est maintenant en bas. Sur les chaussées lustrées comme le marbre se lisent encore les traces des lourds chariots chargés de butin. Leptis Magna, la Rome africaine garde la mémoire des moments grandioses. Le forum sévérien est un dédale de vieilles pierres. Dressées elles sont l’esquisse de la gloire passée de Leptis la grande. L’enfilade des arcades entourant le forum est ornée de têtes de méduses. Aujourd’hui encore cette profusion de têtes de méduses est dérangeante pour quiconque soutient les   regards hypnotiques de ces visages de pierre. Les énormes médaillons à tête de gorgones et de néréides sont partout présents. Le traitement de la pierre, avec ses jeux d’ombres et de lumières, les tortueuses chevelures , les regards à la fixité frisant l’hypnose, témoignent du goût prononcé des artistes pour les figures pathétiques et monstrueuses.

Que de choses à voir dans ce site et à l’instar de René POTTIER nous nous écrions :

"Leptis Magna, Leptis Magna !

Heures enivrantes, heures fiévreuses de contemplation.

Toute une journée, je me suis grisé de ta beauté,

enfermé dans ton enceinte grandiose,

Leptis Magna, ô Leptis Magna dont le nom

est doux à mon oreille comme une musique suave !

Mais ce jour n’a pas suffit "     

En quittant le site sur un morceau de plage on peut admirer trois colonnes de dix mètres de long. Elles ont appartenu aux thermes de Leptis Magna. Elles ont été abandonnées là sur ce rivage au 18ème siècle par le sieur Claude le Marie, consul de France sous Louis XIV, qui avait obtenu le droit d’exploitation, pour le compte du Roi Soleil, du marbre accroché à ces ruines oubliées dans le sable. Après un déjeuner sur place nous terminons la visite par l’amphithéâtre et le port situés à l’extérieur de la cité. L’amphithéâtre est en fait un gigantesque entonnoir creusé au bord de la mer dans d’anciennes carrières. D’une capacité de 15 000 personnes environ il est encore en bon état de conservation. A chaque instant on s’attend à voir surgir des lions dans la fosse ou  on croit entendre les chocs des gladiateurs. En fait la réalité est toute autre : seuls s’y profilent quelques touristes à la démarche moins altière. Le PORT sévérien, aujourd’hui envasé et envahi de roseaux à l’embouchure de l’oued Labdah, n’attend plus aucun navire.

 

Seuls subsistent des quais massifs, les fondations des entrepôts et les vestiges de deux phares et d’un sémaphore. L’heure est venue de laisser le passé et de nous plonger dans l’avenir. Le notre se situe à GHARIAN où nous arrivons après la tombée du soleil.             

Diner et nuit : Hôtel DAR GHARIAN

 

      J4    GHARIAN     /    GHADAMES

 

Un vent frais souffle ce matin sur Gharian. Marcel s’éveille et interroge Lulu pour savoir si “ Madame Schwaygé ( comme ça se prononce ) a bien dormi” La réponse et la suite ne nous regarde pas. Avant de prendre la route vers le DJEBEL NAFUSA nous faisons un halte pour visiter une maison berbère souterraine (c’est la spécialité du coin ). Ce type d’habitation avait le double avantage de protéger les autochtones contre les pillards et contre la chaleur.. En fait ces maisons sont au fond d’un trou de 7 à 8 m de profondeur auquel on accède par un escalier galerie. Au fond de cette excavation qui sert de cour se trouve une citerne centrale et des niches creusées dans les parois qui servent de chambres, de garde-manger et de cuisine. Après cette parenthèse immobilière nous partons à l’assaut du Djebel Nafusa ( ah Jean-Marie que de souvenirs...) à travers un paysage de collines plantées d’oliviers, de figuiers et   d’amandiers. A son pied se situe le grenier fortifié de QARS AL HAJ. Véritable forteresse cylindrique qui domine la vieille ville en terre séchée. 114 greniers individuels, fermés par de petites portes en palmier, le composent sur quatre niveaux. Le premier à moitié enterré servait à la conservation de l’huile d’olive dans d’immenses jarres. Aujourd’hui les cases sont vides mais le gardien Ali garde toujours la clé comme le faisaient son père et son grand-père. Maintenant la fortune du village se trouve ailleurs et la porte ne s’ouvre plus que pour les visiteurs. Notre route continue. Le paysage devient semi désertique et seuls quelques rares oliviers poussent encore çà te là. Un peu plus haut au bord de la falaise se dresse NALUT la plus grande ville du djebel. L’ancienne cité abandonnée se presse autour du grenier fortifié ( “le château “), du minuscule minaret de la mosquée et de l’ancien moulin à grains. On entre dans le ksar par un couloir voûté où, assis sur une banquette, se tient le gardien placé sous la protection de la main de Fatma.. Ce grenier compte 5 à 6 niveaux avec un accès aux niches par le mur extérieur mais aussi par un escalier intérieur. Dernière visite avant les immensités désertiques de la HAMADA AL HAMRAH, longue ligne droite qui doit nous amener à la mythique GHADAMES, la « perle du désert ». Ces centaines de kilomètres de paysages linéaires qui précèdent l’arrivée à cette ville frontière entre la Tripolitaine et le Fezzan ne laissent rien présager de son existence. Le soleil est de plomb et le temps long, aussi s’organise-t-il une chorale au fond du bus. Nous sommes loin du répertoire des Africains, les vrais, les seuls, ceux de Tataouine ou des bousbirs d’Alger. Rien de tout cela. Non juste quelques bluettes chantées par un choeur de vierges renforcé par des voix qui n’ont de mâles que le nom. Après les criquets les Libyens ne méritaient pas ça. Alors on fond du bus on se frôle et on s’enjôle !!     

Heureusement, tout à coup “ELLE” apparaît comme un mince filet flottant sur l’horizon, vision édénique au milieu des dunes. Etrange impression d’être victime d’un mirage que de voir cette ville surgir de nul part. Dès l’approche cette cité se révèle dans sa splendeur bicéphale entre ancienne et nouvelle médina qu’une rue sépare. GHADAMES, étape clé, carrefour, point de jonction entre la Méditerranée, le Sahara et l’Afrique Noire, a été longtemps le lieu de marchés florissants: cargaisons d’or, d’ivoire, et d’esclaves en provenance du Soudan, de Tombouctou, de Zinder ou de Kano ou d’étoffes et d’épices venant du Maghreb. Ghadamès est toujours debout, sublimée par des milliers d’années de civilisation saharienne. Le soleil est déjà au déclin et les paupières de la ville se referment sur ses murs et son passé. Dans la ville nouvelle les nôtres se ferment aussi. Et tout le monde s’endort sur la musique du vent que le désert ne peut arrêter.                            

Nuit : Hôtel OASIS

     

      J5                GHADAMES

 

Le bus se montrant récalcitrant c’est donc à pied que nous partons de l’hôtel pour entamer la visite de la “perle du désert “. Pour nous rendre au musée local logé dans un ancien fort italien nous remontons la rue principale qui longe l’imposant cimetière SIDI BRADI : immensité caillouteuse hérissée de pierres tombales avec comme seule note colorée le marabout blanc du saint qui a donné son nom à la nécropole. Le musée s’avère être une réplique libyenne de la Maison Rurale de l’Outre Forêts ( que seuls connaissent certains amateurs éclairés ). On y trouve une accumulation d’objets usuels. Enthousiasmant !! Ce qui nous intéresse c’est la vieille ville, le ksar, la ville fortifiée des deux clans rivaux les BARRU WALID (ceux du nord) et les BARRU WADIT (ceux du sud ), la Ghadamès de la légende. Celle des cavaliers de la tribu de Nemrod venue du nord-est de la Libye qui avaient choisi cet endroit pour y faire une halte d’une nuit. Ils y oublient leur unique plat. Ce n’est que le lendemain alors qu’ils sont déjà loin, que l’un d’eux revient sur ses pas pour rechercher ce précieux ustensile. C’est alors qu’il observe sa jument qui gratte le sol aride. De sous ses sabots agiles jaillit l’eau. L’oasis de la jument, AÎN AL FARES, voit le jour. Les hommes s’y sédentarisent. Ils lui donnent le nom de Ghadana (déjeuner) et Ams (hier) soit le déjeuner     d’hier qui est à notre menu aujourd’hui. Entrer dans la médina de Ghadamès c’est entrer dans un labyrinthe digne de celui de Dédale en Crête. L’aborder par une de ses portes en bois de palmier est un jeu d’enfant. Se repérer dans les lacis de venelles tentaculaires et anarchiques est chose impossible pour le voyageur étranger. Aussi avons nous un guide et oh miracle, il est francophone !

Ce labyrinthe moyenâgeux protégé par des remparts a conservé trois accès vers l’extérieur. Mais bienheureux celui qui perce rapidement ses secrets. Même vidée de ses habitants la vieille Ghadamès a gardé presque intact son pouvoir de séduction. Elle nargue de ses mystères bien gardés la curiosité de tous. Elle semble plongée dans un profond sommeil. Mais sous son apparence diaphane la ville s’active et se refait une beauté. Les ruelles de la médina sont ponctuées de petites places et de margelles autrefois très animées. A l’instar des mistigris flegmatiques qui y font la sieste, Ghadamès somnole. Serions-nous dans une ville fantôme ? Mais non il y a encore des hommes qui font battre son coeur. Des ombres donnent vie  à ce lacis de venelles couvertes d’une blancheur hypnotique. On y perçoit les êtres plus qu’on ne les voit, silhouettes happées par une voûte où l’ombre est d’encre, entrebâillement d’une porte ne laissant apparaître qu’une main et sa lourde clef, qu’un morceau d’étoffe fleuri soulignant la courbe d’un corps. Le soleil joue les artistes. De ses habiles pinceaux de lumière il esquisse, croque et gomme de mouvants tableaux.

Le silence est à peine perturbé par un grincement de porte, un éclat de voix, le rire des enfants, qu’aucune oreille ne peut localiser parce que les sons se dispersent le long des rues couvertes. A l’heure de la prière la voix des muezzins se superposent : Allah akbar, Dieu est le plus grand. Rapidement les seuils des portes sacrées sont saturées de babouches et le calme absolu s’installe, insondable.

        Dans ce mouchoir de poche ensorceleur se planquent 1 200 maisons médiévales. Ni fenêtre, ni balcon. Les entrées sont les seules ouvertures vers la médina. Les maisons semblent aussi impénétrables que la ville. On s’infiltre dans ces demeures par de lourdes portes ouvragées ornées d’impressionnantes serrures. Pour les franchir les grandes clés sont de bien encombrants sésames.

       Nous entrons dans l’une d’elles pour y déjeuner. Et là tout change. Comme une éternelle jeune femme au teint pâle Ghadamès se met à rougir en laissant deviner ses mystères. A l’intérieur les murs meringués semblent vouloir parler en alignant jusqu’à saturation des motifs incarnats, verts ou jaunes à la géométrie incertaine. Triangles, carrés et losanges comme autant de phrases indéchiffrables laissent songeur. Tout comme les mains de Fatima, les sceaux de Salomon ou les rosaces byzantines. Les étagères ploient sous des batteries d’objets en cuivre: écuelles, vases, miroirs, plateaux, bassins... La quantité d’objets exposés est à l’échelle de la fortune familiale. Niches, placards aux portes de bois peints contribuent à farder encore plus l’intérieur de la maison.

Pendant que nous déjeunons un touareg assis sur un tapis dans un coin de la pièce prépare le thé.

            Ah le thé...

            De l’eau et du feu

            Du thé et du sucre

            Deux théières et des petits verres

            Du temps

“Bismillah”. Avant toute chose rendre grâce à Dieu. Puis on lave le thé. Ainsi commence le long ballet pour deux mains et deux théières. Jeu d’adresse et de patience. On laisse bouillir doucement l’eau et le thé dans la première théière jusqu’à ce qu’elle chante. On verse alors le breuvage dans la deuxième. Bruits secs, cliquetis de métal. Allegretto. Puis on ajoute le sucre et on le mélange en transvasant plusieurs fois le contenu dans le verre et vice versa. Les gestes se font de plus en plus larges, de plus en plus hauts. Moderato cantabile. Le thé commence à mousser, il est doré comme du miel. C’est prêt. Il ne reste qu’à goûter. Si c’est assez fort, assez chaud et assez sucré on sert. De très haut pour que la mousse arrive au bord du verre.

Une fois le thé bu il est l’heure pour nous de prendre la route pour nous rendre au lac AÎN DEBANE ( la source des mouches ) qui en fait est constitué de deux pièces d’eau d’un bleu intense. L’une est un bassin d’évaporation cerné par une auréole blanchâtre ( du sel cristallisé). L’autre ronde est profonde d’environ 70 m. Autour des tamaris apportent l’ombre propice pour en faire un lieu agréable et paisible.

De là, départ pour les dunes pour avoir un premier contact avec le désert face au Grand Erg Oriental algérien. Petite marche dans le sable pour atteindre le sommet afin d’assister au fabuleux coucher du soleil annoncé dans notre programme.

Et voici enfin l’heure du couchant, l’heure magique. Sur les cimes lointaines apparaissent pour de fugitives minutes , les violets incandescents et les rouges de braise; tout semble receler du feu. Et maintenant le soleil est couché, un frisson passe, et subitement le froid tombe, l’inévitable froid des nuits du désert. Et c’est une magnificence presque effroyable...

Dans le lointain si lointain, si limpide, qu’on le dirait plus profond que les habituels horizons des chaînes de montagnes s’enlacent et se superposent avec des formes régulières depuis le commencement du monde, vierges de tous arrangements humains avec des contours secs et durs. Elles sont au premier plan d’un brun presque rouge; puis dans leur fuite vers l’horizon elles passent par d’admirables violets qui bleuissent de plus en plus jusqu’à l’indigo pour de lointains extrêmes. Maintenant il fait vraiment froid mais pas de barbecue ni de musique pour nous réchauffer. C’est le Ramadan !

                                     Dîner et nuit : Hôtel OASIS

 

  J6    GHADAMES       /  SEBHA

Etape de transition aujourd'hui. De la route encore de la route, longue ligne droite plein ouest jusqu’à SHWAYRIF, puis longue ligne droite plein sud. Nous traversons le reg infini de l’hamada AL HAMRAH. Dans ce désert rocailleux peu de distractions. L’agence n’ a rien prévu. Nous nous chargeons donc de l‘animation. Le maître de la chorale des pies primesautières de Lobsann fait une nouvelle tentative de choeur au fond du bus. Dur, dur... D’autant plus qu’un dissident à la voix éraillée s’obstine à vouloir chanter « Marinella » coûte que coûte.

Autre temps fort : les arrêts pipi ( on a les plaisirs qu’on peut ) où les hommes font des alignements dont la grâce n’a d’égal que les colonnes du temple d’Isis à Sabratha. 650 km de bus !! Le temps de réciter à l’envers la liste des caroténoïdes du sous-groupe des polyènes ou de disserter sur la symétrie axiale des échinodermes.

Repas en cours de route. Pas de surprises, nous avons droit à notre menu quotidien :

                  - Chorba

                  - Salade tomates concombres

                  - poulet - riz- frites

-  bananes

 

  Il en était ainsi avant-hier, hier et ce sera pareil demain.

Tout finissant par arriver nous arrivons à SEBHA ( ou Sabha ) troisième ville de Libye, capitale du Fezzan et étape sans intérêt.

                             Dîner en ville             Nuit : Hôtel KALAA

 

  J7  J8        DESERT DU FEZZAN  

Cette fois c’est sûr les 4x4 nous attendent pour notre périple saharien.

            “ L’immersion dans le désert                                                 

                approfondit l’être, le délivre de

                toutes responsabilités, l’affranchit

                des choses accessoires.”

                             ( Théodore MONOD )

L’idée de partir dans le désert fait monter les larmes aux yeux de Gérard M car ce grand sentimental se remémore sa  campagne d’Algérie, ses soirées au bivouac, les lettres envoyées à sa payse restée au pays, missives closes par ces tendres initiales : F.P.M.B ou plus tendre encore P.T.C.M.B.A.

Après ce moment d’émotion intense et de grande poésie nous partons enfin. Nous traversons d’abord la « vallée de la vie », Oued Al Hayah, véritable jardin oasien. Derrière les haies de tamaris ou de palmes séchées et tressées poussent en vrac oignons, courgettes, tomates, concombres, luzerne ...

Premier arrêt à GERMA, ville nouvelle, où le grand Kadhafi a usé ses fonds de djellaba sur les bancs du collège local et qui de surcroît possède un musée. Celui-ci met en valeur (??) dans un site typiquement libyen ( terrain vague servant de décharge sauvage ) les découvertes faites au Fezzan : art rupestre du Messk-Akakus, tombes garamentiques, objets usuels ...

Comme nous sommes dans le pays des Garamantes, peuple qui faisait probablement partie des populations, qui traversant la méditerranée ont déferlé sur l’Afrique du Nord au 12ème et 10 ème siècle avant J.C. Nous en profitons pour visiter GARAMA, l’ancienne capitale.

Lorsqu’on pénètre dans la vieille ville on constate qu’au-dessous des niveaux des différentes époques se trouvent les ruines d’une cité berbère du 8ème siècle qui fût définitivement abandonnée au 13ème. Du village déserté depuis 1930 subsistent des ruines d’une vile fortifiée. Il est construit en arrondi sur un tertre bordé de palmiers et entouré d’un fossé jadis rempli d’eau. Les palmiers sont à l’image des ruines, morts ou à l’agonie, épuisés par les saignées faites aux troncs par les récolteurs de sève. Dans ce cimetière de ruines pourpres inondées de lumière, la poésie et la beauté naissent partout au milieu des décombres.

Puis c’est enfin la vraie plongée dans le désert en entrant dans l’erg UBARI ( ou AWBARI ), magnifique océan de dunes sans un point d’eau mais où l’on rencontre de nombreux lacs salés (21 au total) circonscrits dans une zone appelée en arabe la RAMLA des DAOUDA “, c’est à dire l’erg des mangeurs de vers en référence aux Daoudas (ou Dawadas). Cette tribu négroïde occupait ces oasis et consommait les crevettes des lacs, Artemia salina ( DCI ), ou simplement daouds (vers en arabe ), d’où leur nom.

Nous nous lançons à l’assaut des dunes avec plus ou moins de réussite selon les chauffeurs. Quelle griserie que d’escalader ces tas de sable, pour replonger de l’autre côté dans l’inconnu. A chaque instant les dunes se déroulent et se succèdent à elles-mêmes sans relâche et sans ressemblance aucune. Car aucune dune n’est semblable à une autre. Cette faculté de dissemblance décuple le mystère de ces lignes sensuelles. Qu’elles soient en nebka ou en rebdon, en gore ou en sif, étendues comme l’almée d’orient celle qu’on dénomme àlûma, la dune ne s’offre, chaleureuse et conquise qu’au touché imperceptible de l’adorateur, ne donne sa plastique ambiguë qu’au regard désirant.

De loin elles apparaissent comme des formes baudelairiennes lascives, comme des hanches ou autres courbes qui, à l’instar des lèvres entrouvertes de l’amant frissonnent sans se toucher.

S’arrêter et regarder le sable qui recouvre le sol jusqu’à l’horizon. Du sable de l’horizon, de l’horizon du sable, de l’horizon et rien d’autre.

                                   “ J’ai toujours aimé le désert

                                      on s’assoit sur une dune de sable

                                      on ne voit rien

                                      on n’entend rien

                                      et pourtant quelque chose rayonne

                                      en silence.”

                                          (Antoine de Saint-Exupéry)

   Puis tout à coup l’oasis, l’eau, le lac OUM EL MA (la mère de l’eau) tache d’un bleu intense cernée de vert. Miroir où jouent les dunes en reflets mordorés et parfaits. A peine un frémissement à la surface sous la bise de midi accompagné par le bruissement des palmiers chargés de petites dattes rouges.

Pour Théodore Monod l’oasis est « après les longues privations du désert et la fatigue du chemin, le repos et l’abondance ». D’après un proverbe arabe « l’oasis est faite pour le corps et le désert pour l’âme ». C’est donc dans ce cadre idyllique que nous déjeunons. Puis nous continuons vers le lac MANDARA, lac à demi asséché et couvert d’une couche de natron ( sel de Na cristallisé ). Sur ses rives des vestiges de maisons, mosquée et zéribas qui attestent de l’ancienne présence des Daoudas. Dernière virée dans les dunes avant de retrouver le goudron. Franchissements grisants, véritables montagnes russes. Pas pour tous puisque tous les pilotes n’ont pas la même maestria. Aussi certains ont dû contourner les dunes  comme celui de Chantal et Bernie, perturbé qu’il était par les shorts et les dos nus de ces jeunes femmes (François parait totalement hors de cause, encore que...).

Encore quelques km de bitume puis nouvelle incursion dans le désert pour « le dîner et la nuit en camping dans un somptueux décor de palmeraie » (dixit le programme ). En fait nous plantons ou pour certains essayons de planter nos frêles abris de toile à ... 600m d’un grand axe routier et à 1000m d’un village sous le couvert de quelques buissons rabougris.

 

   J9          DESERT DU FEZZAN

 

Réveil à l’aube.

“ Dieu a conduit les âmes saintes dans le désert pour leur parler au coeur. “ (Osée II, 14)

mais ce sont des chiens et un coq tonitruant qui nous réveillent. Branle bas de combat dans le campement. Il faut   plier les tentes, rouler les sacs de couchage, prendre un petit déjeuner sommaire, faire l’impasse sur la toilette, laisser l’endroit aussi sale qu’on l’a trouvé en arrivant... et reprendre le goudron.

Nous quittons le MESSAK SETTAFET par la route qui longe l’erg MURZUK via TESSANA, magnifique oasis entourée de champs de luzerne, pour arriver à MURZUQ , la capitale du FEZZAN. Arrêt culturel le temps d’une visite rapide à la mosquée JUMAA, la    mosquée “banane “, en raison de la forme de   son minaret. Elle est nichée derrière des remparts au pieds d’un ancien fort ottoman.

Puis encore du bitume à travers un paysage sans intérêt jusqu’à ZAWILAH, dernier poste d’essence avant la longue piste plate et monotone vers WAW AN NAMUS. Nous voici donc sur cette terre de désert dont nous désirons partager l’énigme. Nos yeux tentent de repérer une limite à l’immense parenthèse que la courbe du ciel et le sol esquissent mais seul reste en prolongement de notre regard silencieux la présence étonnante de la pierre. Le temps et l’érosion ont taillé, disséqué, décomposé, creusé les roches et sous apparente indolence minérale se dissimule l’Histoire de l’Humanité.

Mais déjà le soleil tombe à l’horizon. C’est l’heure du bivouac, de la rupture du Ramadan, c’est l’heure du thé, du lait et des dattes. L’heure du premier repas de nos chauffeurs. Pour nous c’est l’heure de remonter nos tentes au milieu de nulle part dans un champ de pierre.

        Avec la nuit arrive le froid. Les flammes du feu de brindilles dansent sous la théière de cuivre au rythme de l’eau qui fuse. Avec la nuit le désert prend une autre dimension. Les reliefs semblent plus hauts, plus menaçants,  baignés d’argent et ourlés d’ombres pourpres, entrecoupés de vallées qui se creusent en silence, tandis qu’au-dessus la vaste panoplie des étoiles semble se pencher sur eux. A la pointe de la Petite Ourse l’étoile solitaire qu’on nomme le Cabri, puis à l’autre extrémité de la constellation, Kachab, la bleue. Vers l’est, il y a Nour le point où brillent les cinq étoiles, Alkoïd, Mizar, Alioth, Megrez, Forda. Tout à fait à l’est, à peine au-dessus de l’horizon couleur de cendre, Orion vient de naître, avec Almiboun, un peu penché de côté comme le mât d’un navire. Il y a tant d’étoiles. La nuit du désert est pleine des ces feux qui palpitent doucement, tandis que le vent passe et repasse comme un souffle.

       Jean et Gérard, le nez planté dans les étoiles semblent briller d’un feu intérieur ( mon frigo aussi ). Après un repas frugal les chants s’élèvent dans la nuit. Les derniers fennecs et les dernières gerboises quittent définitivement la région. Le désert est maintenant vraiment désert.

 

  J10   DESERT DU FEZZAN / SEBHA / TRIPOLI

 

                             “ Le désert n’est jamais plus beau

                              que dans le clair obscur de l’aube...”

                               (Paul BOWLES)

        Le soleil se lève. Le paysage alterne ses couleurs en dégradés de jaunes pâles à l’écarlate en passant par toutes les nuances de brun et d’orange, et au-delà le fantôme d’une ligne de crête se déchiquetant en crénelures acérées. Puis l’horizon laiteux vire au bleu, tremble, commence à se dissoudre, et on sent la chaleur jaillir du désert en un souffle brûlant.

        Yves, les mains dans les poches, regarde d’un oeil placide Isabelle plier la tente. Magnifique dans son rôle « d’être définitivement inutile à la société ».

        Une fois le camp levé notre caravane reprend la piste à travers des paysages lunaires. Pas un relief, rien qu’un immense plateau parsemé de petits cailloux. Rien pour accrocher le regard.

               Le « grand vide ».

            « Monotone le désert! Monsieur veut rire !

               Pour l’aveugle, sans doute, le vrai, le physiologique,

               comme pour l’autre, le voyageur banal, ordinaire,

               sans curiosité et qui ne sais ni voir, ni regarder... »

(Théodore MONOD)

C’est pourtant vrai que le désert n’est pas un grand vide mais un espace aux courbes pleines où le peu est le faire valoir du grand. Dans ce spectaculaire musée à ciel ouvert, la pierre raconte l’Histoire, quand le désert était encore vert et ses habitants nombreux. Immensité de rien mais la beauté des lieux est un appel à les découvrir. Voyage dans l’étrange, l’impénétrable, le hiératique, l’inhospitalier...

         Face à ces images intemporelles, sublimes, le regard et la pensée s’évadent. On est emporté vers l’infini jusqu’au confins de soi-même. Dire l’attirance du désert n’est chose aisée... Tout tient pourtant dans le simple bonheur d’y retrouver les sensations élémentaires, épurées. Préciser ces sentiments est un piège parce qu’ils sont provoqués par une image, un évènement ou un fantasme filtrés par des critères éminemment personnels. En outre l’émotion échappe à la reconstitution. Elle est mouvante, volatile. Le caractère unique des impressions ressenties, entretient le doute sur la communication effective. Le vocabulaire est surtout réducteur. L’émotion et sa raison d’être perdent leur sens dans un essai de partager. Les mots sont insuffisants : erg, dune, horizon... Naturellement on comprend. Mais quelle chance y a-t-il que chacun comprenne la même chose ? Sitôt entrepris, la description trébuche. Elle n’aboutit qu’à un tronc commun de clichés décevant parce que banal. En résumé ne compter donc pas sur moi pour vous décrire les paysages traversés.

       Toujours est-il que toutes ces digressions nous amènent jusqu’au WAW AL KEBIR, dernier point d’eau or “Aman iman “, l’eau c’est la vie ( proverbe arabe ). Derniers pleins. Et encore des pierres, de la poussière... et rien à l’horizon. Encore des km, encore de la patience et enfin la récompense.

 Voici WAW AN NAMUS, le volcan tant attendu, seul relief au milieu de cet immense sérir. Il dresse son cône de lave au centre d’un immense cratère au fond duquel se nichent trois lacs salés de teintes différentes. Trois oasis juxtaposées depuis des millénaires au milieu de nulle part. Grandiose !

      Endroit idyllique pour un pique-nique malgré la chaleur qui règne en ce lieu ( Marie-Louise mesure 45° sur son thermomètre individuel et portatif ). Notre étape est aussi celle des oiseaux migrateurs venant de l’Afrique Noire ou d’Europe mais aussi l’habitat de reptiles, de petits mammifères, d’oiseaux sédentaires et de ... moustiques. Moustiques, namus en arabe, qui ont donné leur nom à ce volcan. WAW AN NAMUS, le volcan des moustiques. A chacun son schnockeloch !

      Maintenant il faut repartir par la même piste jusqu’à Waw al Kabir. Mais les nuits tombent vite dans ce pays. Et puis il y a le Ramadan... C’est donc l’heure du bivouac. L’heure de l’oasis.

Dans la nuit étoilée, le feu danse et les esprits s’échauffent. Les chants et le rythme des percussions résonnent. Bernie se déchaîne et entre en transe mettant à mal la théorie ondulatoire des quantas chère à Max Planck. Par pudeur certains se retirent sous leur tente et nous ne saurons donc pas la fin de cette nuit torride.

             

   J11/12            FEZZAN/SEBHA/TRIPOLI/BENGHAZI/SUSAH

      Ciel nuageux ce matin. Certains esprits chagrins en imputent la responsabilité à la chorale. Nous levons le camp de plus en plus rapidement et mettons le cap vers le N-O. D’abord une immensité caillouteuse et de nouveau des dunes de sable. Dernier tronçon de désert. On ne peut qu’être fasciné par ces immensités océaniques où il n’y a absolument rien... Rien d’autre qu’un infini de sable immaculé aux dimensions du ciel. Infini fragile dans son apparence. Quelques graviers, quelques cailloux sur le sol, un sable un peu plus gris et l’impression de pureté disparaît.

      Dernier pique-nique à TIMESSA, dernière oasis avant le goudron, qui malgré son abandon n’a pas bougé depuis des millénaires. Notre périple saharien s’arrête à MISSAH après 1200 km de poussière et de caillasse. Merci à nos chauffeurs et nos cuisiniers pour leur efficacité malgré les conditions difficiles. Merci donc à Saad, Omar, Abdelkader, Omar, Youssef et les autres que nous quittons après le dîner à Sebha.

      Le vol de Tripoli prévu l’après-midi sur la Libyan Arabic Airlines se transforme en vol de nuit : décollage à 3h 30 du matin. A l’embarquement certains ne savent plus si nous sommes hier, aujourd’hui ou déjà demain alors que d’autres sont pour le moins surexcités suite à une intoxication massive à la caféine.

      Tout cela nous amène à l’aéroport domestique de Tripoli à 5h, soit juste l’heure où nous sommes sensés être réveillés par notre hôtelier pour regagner l’aéroport international pour un vol vers Benghazi. Notre chauffeur et notre bus sont déjà repartis vers d’autres cieux ce qui nous oblige à courir après des taxis pour faire la jonction. Pas de lit, pas de petit déjeuner. Pour nous c’est aussi le Ramadan.

      Heureusement à BENGHAZI, Mohamed et Feradg sont là pour nous accueillir avec leur bus. La capitale de la Cyrénaïque, deuxième ville de Libye, est l’ancienne Bérénice fondée en 446 avant J.C. Aujourd'hui il ne reste rien de son lustre passé.

      Nous prenons donc de suite la route entre le littoral et le djebel AKHDAR à travers la plaine alluviale de BARCA riche en cultures céréalières sous un véritable déluge. Les torrents temporaires de déversent du djebel qui culmine à 875m et inondent les routes et la plaine. Nous profitons de cette intempérie pour improviser un petit déjeuner dans le bus : dattes, bananes, yaourts, fromage.... Avec la première accalmie, premier arrêt : TAUCHEIRA (TUKRAH ou TOKROH selon les versions), ancienne escale maritime grecque qui faisait partie de la Pentapole. L’entrée des ruines est gardée par un fort ottoman au sein duquel se niche un petit fort byzantin et un petit musée de peu d’intérêt. Les ruines encore peu mises en valeur ne sont pas très spectaculaires non plus. Vaste chantier... Reste que le site en bord de mer est splendide. Mais nos préoccupations sont plus terre à terre :       une douche et un lit. Nous nous rendons donc directement à SUSAH (SOUSSA) où nous attend un hôtel flambant neuf aux portes d’Apollonia.

                             Dîner et nuit : Hôtel MANARA            

  J12         SUSAH

 

Réveil un peu embrumé. Queue d’orage et lendemain de nuit blanche. Mais le soleil revient très vite mettre de l’ordre dans tout cela. Après le petit déjeuner nous traversons la route et nous voila dans l’antique APOLLONIA. Véritable abri naturel, ce petit port de Cyrène devint une grande cité indépendante. Les basiliques, le théâtre, le palais, les thermes mais aussi le mur d’enceinte en racontent l’histoire dans un décor somptueux. Sentinelles de marbre, les colonnes d’Apollonia veillent sur ses palais et son port engloutis.

Mais il nous faut laisser cet endroit bucolique pour reprendre la route une fois encore. La Cyrénaïque rappelle par ses reliefs, ses couleurs, ses genévriers, ses oliviers sauvages et ses caroubiers mêlés à la garrigue l’arrière pays provençal. C’est une région de miel. Les ruches sont parfois installées à flanc de montagne à l’intérieur de grottes surplombant un vide vertigineux. Cette belle région doit son nom à la nymphe Kure qui un jour attaqua à mains nues un lion, lutta contre lui, le dompta. Témoin de la scène Apollon en tomba amoureux.(de la nymphe, pas du lion). Il l’enleva (la nymphe bien sûr) dans son char et l’emmena au-delà des mers dans le pays de la Libye. Là il l’épousa (pas le lion) et lui offrit pour domaine le pays de Cyrène.

      Déjà Hérodote disait de la Cyrénaïque :

Voici, Grecs, un lieu favorable à vous installer; ici le ciel a des trous.”

A quelques encablures de Susah nous apercevons la grotte de Havah Fteah, large caverne ouverte dans une falaise. Il s’agit du site préhistorique le plus important de tout le bassin méditerranéen.

         Premier arrêt à AL ATHRUN (ERYTHRON), rouge en grec à cause de la couleur ocre de sa terre. Ici se dressent les colonnes de marbre blanc de deux basiliques byzantines isolées en pleine nature. Charme extraordinaire rehaussé par l’écume des vagues bleues qui s’écrasent contre la falaise et par l’éclat des plaques de marbre sculptées qui parsèment la garrigue.

         Plus loin à RAS AL HILAL autre église byzantine, celle de l’antique Naustathmos. Dans son choeur la mosaïque du sol est encore en place. L’église probablement dédiée à Saint André, dont on trouve le nom gravé sur un mur, se compose de trois nefs séparées par de lourds piliers carrés en calcaire local et d’un petit baptistère.

         Et voici enfin CYRENE et son vaste site archéologique. Nous l’abordons par le temple de Zeus, le plus grand temple grec d’Afrique à l’ombre duquel nous prenons un frugal déjeuner. Quarante six colonnes de 9m de haut soutiennent cet édifice impressionnant.

 

         Pas même le temps d’une sieste et nous entrons dans le site par le Ptolemaion. Se succèdent l’agora, encombré de monuments disparates, l’acropole et enfin les terrasses d’Apollon avec sa fontaine, ses temples, ses thermes et son théâtre. Cyrene urbs antiqua sed deserta ainsi qualifiée par l’historien Marcellus au IV ème siècle pour stigmatiser son état d’abandon.

Rien ne lui fût épargné : peste, tremblements de terre, incursion des barbares, nuées de sauterelles. Elle n’est plus qu’une ville déserte, une cité en ruines. Il est à peine imaginable que dans un lieu aussi reculé, Cyrène, aux confins du désert de la Cyrénaïque et de la Tripolitaine se soient suivies tant de civilisations conformes aux canons stylistiques des grandes capitales, que des oeuvres d’une telle beauté aient pu y voir le jour. Cette cité abritait une école de médecine. Des savants comme le géographe Callimaque, le philosophe Platon, Théodorus le mathématicien et l’historien Hérodote ont fait comme nous le voyage vers la cité de toutes les lumières.

        Nous la quittons non sans porter un oeil sur l’extraordinaire nécropole qui accumule ses tombeaux, ses hypogées, chapelles funéraires et sarcophages à flanc de collines.

      Retour à Susah.                  Dîner et nuit : Hôtel Manara

 Nuit agitée pour Anne-Cécile prisonnière de son balcon et dont les cris pathétiques ont réveillé Rodolphe qui dormait du sommeil du juste. Comme un malheur n’arrive jamais seul la porte de sa chambre était aussi bloquée. C’est une véritable opération commando qui s’enclenche pour sauver cette malheureuse créature en tenue arachnéenne d’une pneumonie certaine.

      Quand on vous dit que le tabac nuit gravement à la santé !!!

 

      J13             SUSAH   /   BENGHAZI / TRIPOLI

 

Ce matin encore le soleil est au rendez-vous pour notre retour vers Benghazi. Notre mission archéologique se poursuit par une visite d’un endroit qui ne doit rien aux Grecs ou aux Romains puisqu’il s’agit du site rupestre libyen de SALANTHA (SLUNTHA). C’est un sanctuaire creusé dans un rocher. Ne subsiste que la base d’un pilier central et un autel sur lequel sont sculptés des moutons offerts en sacrifice. Le rocher autel possède des bas-reliefs sculptés d’animaux et de personnages. Ensemble étrange.

 

        Etape suivante QSAR LIBYA qui se trouve à l’emplacement de l’ancienne Olbia. Les sables ont enseveli l’église byzantine, érigée en des temps glorieux à jamais révolus, livre aujourd’hui à notre admiration sans doute l’un des plus beau pavement de mosaïques de l’antiquité mis à l’abri dans un ancien fort ottoman. Cinquante panneaux abordant des thèmes variés : animaux, monstres marins, personnages mythologiques... et même la seule représentation du phare d’Alexandrie connue. Tout simplement splendide.

        En début d’après-midi arrivée à PTOLEMAÏS sous un ciel menaçant. Déjeuner à l’entrée du site qui a tout d’un terrain vague coincé entre le djebel et la mer. Ici il faut être archéologue ou avoir beaucoup d’imagination pour se faire une idée précise de cette ancienne cité. Même l’enthousiasme débordant du guide n’y suffit pas.

        Toutefois le palais à colonnes et les citernes de la ville à eux seuls méritent la visite comme le petit musée qui recèle de belles pièces : statues, sarcophages, sculptures, mosaïques ...

        L’heure est venue maintenant de laisser ces vieilles pierres et de retourner à la civilisation ( ???). Nous arrivons à Benghazi, ville morte, aux rues désertes. Mais où sont donc les Libyens ? Nous dînons dans le meilleur restaurant de la ville ( si, si !) qui propose au choix : poissons, steaks ou poulet en précisant qu’il ne reste que du poulet. Ici la gastronomie rejoint la démocratie. Le choix est vite fait.

        Donc une dernière fois : chorba, salade tomate-concombre et bien sûr riz et poulet, puis banane.

        Transfert à l’aéroport. L’avion est quasiment à l’heure, le bus de Tripoli aussi.

                             Nuit : Hôtel EL MEHARI

 

  J14                         TRIPOLI/PARIS

 

Réveil à 5h et re-transfert à l’aéroport. Nos adieux à Abdou sont aussi discrets que sa présence.

Vol retour calme et rapide.

Paris CDG : c’est l’heure des premières séparations Au revoir Monique et Bernard, Marie-Brigitte et Maurice, Nath et Gégé. Moment d’émotion. A une autre fois inch Allah ? Pour les Alsaciens c’est l’heure de la première pression, de la première baguette et de la première knack. Grand moment culturel.

         Strasbourg Entzheim. C’est la fin de l’aventure. Chacun retourne chez soi avec ses images et ses impressions.

         "Ce que j’aime dans les voyages, disait Stendhal, c’est l’étonnement du retour".

         A rentrer il faut tirer des plans sur la planète et songer à repartir. Mais avant, il faut faire le point.

         Les sites nous ont éblouis de l’éclat de leurs marbres, nous ont enivrés de leur parfum de pierres chaudes, de myrte et d’océan, nous ont chaviré par les perspectives profondes de leurs portiques, les jaillissements solaires de leurs colonnes blanchies par l’haleine du désert. Ils nous ont invités sur l’hémicycle des gradins retrouvés de Leptis Magna au milieu de l’ordonnancement sensuel de ses grandes villas ou dans l’esplanade des autels du sanctuaire d’Apollon à Cyrène, au plus troublant voyage dans le temps. Ici les Dieux nous ont rappelé que les grandes pièces qui se jouent sur la terre ont été composées dans le ciel. On a frémi de curiosité devant les autels de sacrifice dédiés à Apollon et sa jumelle Artémis. Ce panthéon divin dont on a croisé çà et là la mémoire superbement figée et qui nous a fait rêver.         

 

L’expérience du voyage dans le désert, ou plutôt au désert, comprend tôt ou tard un rendez-vous avec soi-même.

Cet endroit sans fleur ni foule fait éclore un florilège de sensations et se poser une foule de questions.

Ce n’est pas forcément une introspection générale;

Ce peut être la réalisation de vérités rendues à leurs évidences grâce au dénuement ambiant.

D’impurs nous sommes devenus épurés par le truchement du rien qui nous a entouré.

Expérience de la lumière unique des grands espaces sahariens qui lave le regard, ponce habitudes et préjugés.

Expérience de la vacuité en toute chose, du caractère forcément dérisoire de l’état solide ou matériel.

Expérience de la solitude et du silence.

Expérience du temps retrouvé, du présent imparfait mais intense et savouré, de ces instants volés à l’éternité.

Expérience de la vraie simplicité.

Nous avons connu l’ivresse absolue et ses états transitoires, l’euphorie limpide et l’hébètement.

Nous sommes revenus les mêmes et pourtant différents.

Nous avons fait nôtre l’esprit du vent, caresse subtile.

Finalement percevoir l’utilité du désert, c’est d’abord apprendre à ne plus avoir peur de la mort pour ne plus avoir peur de la vie.

 

                                   Maurice.

 

Il ne me reste plus qu’à remercier Nath et Gérard pour tout leur travail en amont et sur place. Et bravo aussi à Gégé pour ses traductions quelques fois... byzantines.

 

bye bye !