2002  Namibie nov
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Namibie Pratique
Carte de Namibie
programme

   

  

NAMIBIE 2002

 

                  « S’en aller, seul moyen

                                           de parvenir... »

 

Le voyage ce n’est pas arriver c’est partir. C’est la saveur de la journée qui s’ouvre, c’est l’imprévu  de la prochaine étape, c’est le désir jamais comblé de connaître sans cesse autre chose, c’est la curiosité de confronter ses rêves avec le Monde, c’est demain, éternellement demain... Tout cela pour vous dire que nous partons aujourd’hui ce  5 novembre de l’an de grâce 2002 ;

D’ALEXANDRE LE GRAND à LAUWRENCE D’ARABIE en passant par la famille POLO  (Marco, et ses petits frères Nicolo et Maffeo), nombreux sont les aventuriers de toutes époques qui se risquaient à traverser les étendues désertiques, sans toujours être animés de sentiments désintéressés.

Tout un  monde sépare leurs agissements de l’activité de savants comme Heinrich BARTH (élève du fameux Karl RITTER bien sûr) ou Théodore MONOD qui comme nous incarnent une exigence intellectuelle où voisinent curiosité scientifique et profond respect des lieux nouvellement traversés.

Nous sommes 32 à partir pour le Namib le plus vieux désert du monde avec des idées de transcendance et d’éternité, de renoncement aux plaisirs de ce monde et d’accès au noyau dur de l’être qui tire l’individu vers la recherche de l’essentiel et de l’incorruptible. Ceux qui sont uniquement  venus pour rigoler avec leurs petits camarades et voir de belles choses vont être déçus. Mais peut-être leur reste-t-il malgré tout une part d’humanité dont ils n’ont pu se séparer et qui va refaire surface.

La suite nous le dira.

 «  Qu’est ce que vous allez chercher là-bas ?

     J’attends d’y être pour vous le dire. »

                                André GIDE

 

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J1  FRANCFORT - WINDHOEK       05/11/2002

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                 «  C’est une quasi évidence dès

               qu’un lieu acquiert la réputation

               d’être un paradis, il va tout droit

                en enfer »         Paul THEROUX

                           (The happy isles of Oceania)

Mélange détonnant d’ethnies au glorieux passé, dernier réduit d’un pangermanisme suranné, peuplée de survivants tout droit venus du fond des âges, de fantômes de guerriers légendaires, de rêves noirs ou blancs, la Namibie est peut-être le plus insolite de cette Afrique qui ne cesse d’étonner. Combien de temps encore ?

C’est donc vers cette jeune nation ayant durement acquis son indépendance en 1990, « le pays que Dieu créa un jour de colère », nom   que lui donnèrent les premiers habitants, que nous nous embarquons à Francfort après avoir quitté la riante Haute Vallée de la Sauer, l’Outre-Forêt, Haguenau et Strasbourg et après avoir retrouvé les « Parisiens ».

8121 Km jusqu’à WINDHOEK.

Le Boeing 747 a été remplacé par un Airbus A 330-20, Air Namibia par un prestataire suédois, les sièges par des strapontins, ...

 

Nuit et piètres prestations  à bord

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J2 WINDHOEK - OTJIWANARONGO  06/11/2002

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Ce vol pour le moins inconfortable fini, on arrive malgré tout comme prévu à Windhoek, ville établi en 1890 par Kurt von François, lointaine parenté germanique du nôtre, sur un site appelé OTJOMUISE, « lieu des vapeurs » en herero en raison des sources d’eau chaude qui s’y trouvaient.

Nous y sommes accueillis par STEPHANE, notre guide et WERNER, notre chauffeur.

A force d’avoir appris à l’école (pour ceux qui avaient de bons enseignants) que dès 1915 la colonie du Sud-ouest Africain avait été enlevée au Reich, on croyait cet épisode définitivement clos. Point du tout : les Allemands sont si bien restés que leurs descendants forment aujourd’hui le quart de la population.

A Windhoek on retrouve l’atmosphère d’Outre-rhin avec des églises évangéliques, des « Brauhaüser » (brasseries pour les francophones) où la pression coule à flots,  puis ça et là des villas de la plus pure architecture Jugendstill aussi ronde et « gemütlich  » que celle d’un petit bedon de buveur de bière ( on ne vise personne en particulier ).

Nous prenons notre premier repas namibien au restaurant Gathmann : stroganoff d’autruche (struthio camélus) et apfelstrüdel. Très typique. Et déjà certains ne résistent pas à l’appel du mercantilisme et font leurs premiers achats.

Dès que nous quittons la ville il n’y a plus l’ombre d’une présence humaine à l’horizon mais des clôtures de fils de fer barbelé de chaque côté de la voie marquant ostensiblement la limite des fermes privées. Personnage clé du pays,  le fermier, maître d’un domaine à faire pâlir un rancher du Texas ou un paysan de Lobsann. Surface moyenne des exploitations qui répondent aux doux noms de « Toscanini », « Rendez-vous »... : 1500 ha.

Ici les clôtures sont faites non pour empêcher le bétail de divaguer mais pour interdire l’entrée aux prédateurs. On ne sait plus très bien où commence la vie domestique et où finit la vie sauvage. Un peu comme dans notre bus.

Quelques arbres coiffés d’étranges parures jalonnent les alentours. Des oiseaux, des tisserins, y ont installé d’énormes  nids collectifs écrasant de leur poids les branches de ces pauvres végétaux. Des termitières de toutes tailles et toutes couleurs bornent les accotements de la route. Notre première halte se situe à OKAHANDJA (« petite rivière large »), grand marché artisanal d’objets en bois. On y trouve tout le bestiaire africain taillé dans toutes sortes d’essences y compris l’ébène véritable qu’il faut passer au cirage noir une fois par semaine pour lui garder sa teinte d’origine !

Première étape : OTJIWARANGO (terre du bétail gras ), centre d’élevage et marché aux bestiaux. Aucun intérêt.

Sur la piste du Lodge premiers animaux : en vrac kudus, impalas, springbocks, phacochères, autruches... Apparitions ponctuées de oh et de ah, de clic et de clac (merci Kodak).

Dîner au Lodge puis sortie en 4x4 pour assister au repas des lions. Ces grands fauves ne semblent pas avoir beaucoup d’appétit et chipotent un peu avec la nourriture. Ils assurent néanmoins le spectacle mais sans conviction aucune.

Bien plus beau le magnifique ciel étoilé de notre première nuit africaine qui nous rappelle ce poème d’un anonyme bochiman:

« Ô étoile qui vient, là-haut

Fais moi déterrer un nid de fourmi

Avec ce bâton

Ô étoile qui vient là-haut

Je te donne mon coeur

Donne moi ton coeur. »

 

                          Nuit au Mont Etjo Safari Lodge

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J3      OTJIWANARONGO - ETOSHA       07/11/2002

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Dès le lever du soleil vision paradisiaque : l’un après l’autre les animaux viennent s’abreuver au point d’eau du camp. Instants si délicieux que certains sortent en tenue d’Adam de leur chambre. Autre vision.

Après le petit déjeuner premier safari sur le domaine du Lodge en 4x4 collectif. Dans ce véhicule : « e pericoloso sporghesi » (ne pas se pencher dehors en bas-bushmen) sinon on perd ses lunettes ou son chapeau. Défense aussi de quitter le véhicule sauf pour approcher le rhinocéros blanc animal câlin et convivial comme chacun le sait. Moment intense. Nous croisons un hippopotame d’importation échoué là comme une baleine dans une baignoire. Un peu tristounet.

Nous laissons le Mount Edjo pour rejoindre le parc d’ETOSHA.

En passant Werner embrasse sa femme et son fils à l’entrée de sa ferme comme s’il partait pour la guerre. Il me manque la plume d’un Goethe ou d’un Schiller pour décrire cet instant de « gross » émotion.

Déjeuner en cours de route à OTJIBAMBA. Dans le firmament apparaissent des nuages, le baromètre individuel et portatif chute dangereusement et le cor au pied de François reprend de l’activité. On nous annonce le déluge. Il tombe quatre gouttes de pluie en tout et pour tout. A qui et à quoi se fier ?

Arrêt géologique au lac d’OTJIKOTO, lac karstique d’une centaine de mètres de diamètre et réputé être sans fond pour les uns et de 85 m de profondeur pour les autres. Il aurait servi de cache d’armes, de munitions et de trésor à l’armée en déroute du Reich. «  Gross filous » ces allemands.

Notre étape se termine à l’entrée du Parc d’ETOSHA où se trouve le Lodge du jour. Dans son enceinte se trouve un terrarium abritant toutes sortes de serpents porteurs de venins assurant des morts les unes plus atroces que les autres. Maggy se régale. Eve le retour ! Attention Gérard !

Découverte lors du dîner : le vin rouge gratuit remplace la clim dans ce pays. Pour plus de détails s’adresser à l’agence locale.

                                       Nuit  au Mokuti Lodge

 

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J4           ETOSHA                     08/11/2002

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Journée safari dans le parc.

Lever à 5 heures, l’heure où les grands fauves s’activent.

ETOSHA, « la grande place blanche ». Quels mots pourraient plus simplement et sûrement définir cette étendue désertique dont la blancheur éclaire le ciel et ébloui le visiteur ?  Ancien lac asséché depuis des milliers d’années il ne s’emplit qu’en de rares occasions lorsque les pluies abondent. La rivière qui alimentait le lac a été détournée à la suite d’un glissement de terrain. Mais la légende est autre : il y bien longtemps, une mère perdit son enfant et se mit à pleurer, à pleurer... et ses larmes créèrent un lac. Le temps passant ses pleurs séchèrent au soleil, ne laissant bientôt plus que le désert ... et sa peine.

Ce matin la chance est avec nous croisons la route de trois « grands » : léopard, guépard et éléphant. Nous assistons aussi aux ébats de deux oryx. Cela donne lieu à des commentaires graveleux dans le bus (nous ne dénoncerons personne). Ces potaches attardés ne se rendent pas compte que cet animal altier et sophistiqué avec sa basane blanche rehaussée de guêtres noires, son profil poussif de chèvre et ses cornes effilées comme des sabres fait parti des merveilles de la nature. Aucun mammifère n’est mieux adapté au milieu désertique. Grâce à son halètement et à réseau sanguin particulier l’oryx parvient à maintenir la température du cerveau basse. C’est ce qu’on appelle garder la tête froide.

Que dire du grand kudu sinon que les femelles paraissent telles de frêles brebis, farouches et discrètes. Il n’empêche que c’est Monsieur qui porte les cornes.

El la girafe? La girafe qui laisse apparaître l’immensité de son corps étrange. Celle que les hommes appelaient autrefois Cameleopardalis parce qu’ils la croyaient née des amours d’un dromadaire et d’une panthère a bien des allures hybrides. Elle avance doucement avec cette allure qui n’appartient qu’à elle empêtrée qu’elle est dans son gigantisme. Mais cela s’oublie quand vous tombez sur son regard de vierge effarouchée au grands cils recourbés. Craquant.

Et les zèbres me direz-vous ?  Ces équidés en pyjama sont là aussi et promènent leurs rayures aux points d’eau. Mais attention il ne s’agit pas de confondre les zèbres de Burchel (equus burchelli) avec ceux de Hartmann (equus zebra zebra). Les premiers ont des rayures brunes entre les raies noires. Il parait qu’ils se reconnaissent entre eux par leur code barre.

Mais l’éléphant Monsieur, s’écrit le petit Gérard du fond du bus ? Et bien il n’y a pas d’éléphants en Afrique. Ce sont des loxodontes. Ces titans du monde sont une autre merveille de la nature qui telles des créatures fabuleuses n’ont cessé de susciter étonnement et admiration. « L’éléphant est un concept immortel  » lança un jour admiratif le philosophe Arthur Schopenhauer (1788-1860). Lui seul a compris ce qu’il voulait dire.

Après toute cette ménagerie nous avons droit à un déjeuner au NAMOUTI Lodge, ancien fort allemand  c’est dire le raffinement de cet édifice!

Dès la reprise de notre safari nous tombons sur un spectacle d’une rare cruauté : le corps d’une girafe livré en pâture à l’appétit féroce de vautours et de chacals. Insoutenable. Mais c’est la dure loi de la nature.

ETOSHA n’est pas seulement du désert. Il y a de la brousse d’acacias, de la savane et des bois. Mais la vie se concentre autour de ce lac de la préhistoire, là où des puits pompent la nappe phréatique. Ici rien ne bouge à peine quelques feuilles de MOPANE. Ces feuilles en forme d’ailes d’anges ou de papillon se referment aux heures les plus chaudes pour s’exposer le moins possible à la déshydratation.

Ce soir le vin est encore gratuit car la clim du bus est toujours hors d’usage. On commence à évoquer des opérations de sabotage fomentées par un groupuscule de révolutionnaires éthyliques.

                                    

                                        Nuit au Mokuti Lodge

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J5              ETOSHA                    09/11/2002

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Mesure de salut public ce matin. Nous changeons de bus car l’abus d’alcool nuit gravement à la santé et au budget de l’agence locale.

Nous repassons devant ce qui reste de cette pauvre girafe. Les prédateurs de la veille aidés par les hyènes ont fait leur oeuvre. Terrible. Mais c’est toujours la dure loi de la nature.

Au fond du bus commencent à flotter des odeurs musquées de fauves qui n’ont rien à voir avec la formation de Dominique à l’art du contrepet. Simple problème de sanitaire.

Nous retrouvons des éléphants, des zèbres, des gnous et autres bêtes à poils.

Il y a aussi des myriades d’oiseaux grégaires ou solitaires, moqueurs ou charmeurs, migrateurs ou sédentaires. Ils sont omniprésents et offrent à ces terres brûlées la douceur de leurs chants. Dans le ciel l’aigle bateleur (tetrathopius caudalus) reconnaissable à ses ailes immenses et sa queue courtes fait d’incroyables acrobaties auxquelles son nom fait référence. Nous apercevons le guêpier d’Europe (merops apiaster) qui lui aussi passe ses vacances en Namibie durant cette période pour nous faire profiter de son beau plumage bariolé de bleu, de roux, de jaune et de vert. Il y a encore le peu farouche calao à bec jaune (tockus flavirostris) qui porte comme on s’en doute un bec jaune orangé et des marques rouges autour de l’oeil et à la base du bec.

Mais ici il y a aussi les gens d’en bas comme les pintades, les outardes dont la grande outarde de kori (ardeotis kori) qui peut atteindre un mètre. Il y a surtout l’autruche qui promène sa stature nonchalante à travers tout le pays. Elle peut atteindre 2,5 m de hauteur et si elle semble tortiller tranquillement du popotin elle est capable de pousser des pointes à 70 km/h.

Déjeuner au HALALI restcamp.

L’après-midi encore des éléphants mais aussi des lions et enfin le rhinocéros gris qui manquait à notre tableau de chasse. C’est l’Afrique telle qu’on la rêve.

A force de mitrailler un troupeau de springbocks ou un couple d’éléphant éclaboussant l’eau d’un marigot, n’oublie-t-on pas un peu trop ce que l’équilibre de ces espaces peut avoir de magique ? Et ne devrait-on pas, au lieu de poursuivre à jamais l’horizon qui s’enfuit, tenter de s’arrêter un peu et parler de tout cela avec ceux qui savent. Comme ces bushmen dont la légende qui affirme que tous les animaux du continent noir et  les plantes elles-mêmes comprennent leur langage. Ce langage à base de clic-clic que les autres hommes n’arrivent pas à comprendre ni prononcer.

 

                         Nuit au Okaukuejo* Restcamp

( * ce qui veut dire la femme qui a un enfant chaque année : bravo la tenancière !!)

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 J6  ETOSHA -  TWYFELFONTEIN   10/11/2002

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Ce matin nous quittons le monde animal pour le monde minéral. Dernier coup d’oeil sur un groupe de zèbres au point d’eau du Lodge puis à nous la piste.

Arrêt technique à OUTJO : Werner fait le plein, Gérard S. achète de la saucisse à chiquer qui remplace avantageusement les havanes, Marie Brigitte négocie des fruits que les indigènes eux-mêmes n’espéraient pas pouvoir écouler et Michel a le feu au « bush  »  ( la Faculté reste perplexe devant cette pathologie tropicale ).

Au bord de la piste de curieux arbres que les Afrikaners appellent « kanniedoed » (qui ne peut pas mourir). Ils ont l’allure de baobabs miniatures et n’ont que de rares feuilles après la pluie. Ils donnent toujours l’impression d’être des arbres morts mais il suffit d’un peu d’eau ...

La vallée de l’Ugab nous permet d’atteindre le FINGERKLIP, monolithe de 35 m sculpté par l’érosion se dresse fièrement dans une lumière poussiéreuse et jaune.

Déjeuner au Gowart lodge.

Puis direction KHORIXAS, gros bourg, capitale administrative du Damaraland où nous visitons la « forêt pétrifiée » sous un soleil de plomb. Il s’agit de troncs d’arbres fossilisés depuis des millions d’années déposés là à demi enfouis dans le grès. Décor fantasmagorique.

 

Poussant au milieu de nulle part, des Moringas, ces sentinelles isolées du désert, dressent leurs troncs à l’écorce blanche  sur les roches sombres des montagnes  du Damara.

A TWYFELFONTEIN, forteresse douteuse dominée par un chaos de rocs lisses comme la main, des chasseurs venus d’on ne sait où ont gravé leur vie sur le rocher. Ces gravures montrent toutes les constellations du sud, des troupeaux sans têtes, des autruches, qui en revanche en ont quatre, un kudu dansant anthropomorphisé, des lions dont la queue se termine par une main attrapant une girafe...

Ailleurs d’autres animaux avec leurs empreintes. Véritable leçon de chose. Ces images ont été interprétées par un abbé français, Henri BREUIL, vers 1918 dans de nombreux écrits. Cet ecclésiastique grand poète devant l’Eternel parlait de « paysages de l’âme ». C’est lui aussi qui considérait que la Namibie «  était le Périgord de l’Afrique ». C’est beau la foi !!

Pourtant rien n’est plus émouvant que de découvrir des peintures ou des gravures rupestres au milieu des sables couleur saumon sous un ciel immensément bleu. L’aridité et la sècheresse de l’air ont tout conservé malgré le passage du temps  et ces scènes semblent figées pour l’éternité.

Mais dans le bus la vie continue. Yves et François semblent fâchés de façon temporaire, transitoire voire impermanente et en aucun cas définitive. Gérard M. fait de gros progrès en allemand : il sait maintenant que quand on lui « bitte schön » il faut répondre la mienne aussi.

Toutes ces digressions nous ramènent au Lodge où notre dîner se termine par un concert vocal « improvisé » par tout le personnel, avec en point d’orgue l’hymne national « Namibia our country » interprété avec beaucoup de conviction et d’émotion.

 

                              Nuit au Twyfelfontein Lodge

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J7  TWYFELFONTEIN - SWAKOPMUND    11/11/2002

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Avant de quitter notre magnifique Lodge pelotonné au fond d’une anse rocheuse une femme de chambre entonne des chants de départ pour remercier Gérard M. qui lui a offert un CD d’Elisabeth Schwartzkopf. Offrir Schwartzkopf à une noire, certains se sont fait taxer de racisme pour moins que cela.

Après cet intermède nous retrouvons Werner toujours accroché à son volant. En contemplant le paysage qui défile nous apercevons la « Burnt Mountain » (la montagne brûlée) dont le mélange de roches noires, brunes ou grises lui donne cet aspect calciné.

Premier arrêt aux « ORGAN PIPES» (rires gras de quelques potaches attardés). Dédales d’orgues basaltiques, de carrières naturelles, de pierres explosant sous la violence du soleil, des murs éblouissants comme des miroirs d’étain.

Peu à peu le BRANDBERG, massif aussi parfaitement circulaire qu’un cratère de météorite se dégage tout à coup de ce désordre minéral.

Au bord de la piste une femme herero avec son énorme chapeau double et ses immenses jupes de patchworks superposés propose son artisanat avec la pose sévère d’une reine Victoria des tropiques. A droite et à gauche quelques euphorbes veillent sur ce désert encadré par des « brocolis ». Pour connaître l’histoire du père Brocoli, carreleur et obtenteur de cette plante originaire du Frioul veuillez vous adresser au conteur de l’Outre-Forêt.

Nous déjeunons à UIS, petite cité minière, au « White Lady » établissement gastronomique réputé dans sa rue.

Puis c’est la traversée du Namib central en direction de l’océan. C’est un immense reg plat couvert de lichens. Une étrange impression de solitude se dégage de cette vaste étendue sauvage paysage  vierge de toute empreinte  vivante humaine.

Arrivés à CAPE CROSS,  pointe rocheuse face à la mer, qui doit son nom à Diego Cao qui y planta une croix en 1486. Tout change. Il s’y trouve une importante colonie d’otaries à fourrure ( arctoce phallus pusillus) dont l’effectif fluctue entre 80 et 100.000 animaux. Le petit mur qui sépare les hommes des otaries permet presque de les toucher (ce qui est formellement interdit et dangereux). Il ne gène en tous cas pas ni l’observation, ni empêche les fortes et tenaces odeurs de venir chatouiller les narines et imprégner les vêtements. Combien sont-elles sur ce bout de rocher, incroyablement entassées, bruyantes de colère à défendre leur territoire qui ne délimite que la longueur de leur cou. Celles qui tentent de se déplacer avec cette étrange allure de chien palmé se font harceler de tous les côtés, râlent, mordent, cherchant juste un rocher pour étaler au soleil leur corps noir parfaitement luisant. Les gros mâles, si facilement identifiables par leur crinière, regardent le spectacle de haut et sourient dans leurs moustaches avec la majesté béate des sultans incontestés. La tête bien dégagée tellement certains de leur supériorité physique, qu’ils ne se gênent pas de rappeler dès qu’un jeune mâle s’approche.

Au loin des torpilles noires semblent se jouer du ressac. Là ce n’est qu’une tête qui émerge, ailleurs trois corps fuselés apparaissent pour disparaître aussitôt tandis qu’une autre surfe sur les vagues qui la déposent sur un rocher. Le bêlement permanent des petits résonne comme des appels désespérés et leurs grands yeux noirs guettent le retour d’une mère qui nous apparaît comme indigne. Pourtant en général elles viennent et dans cette foule retrouvent l’objet de toute leur attention. Mais un drame se noue sous les yeux de nos compagnes au bord des larmes : une marâtre préférant les plaisirs faciles a lâchement abandonné sa progéniture. Que font les assistantes sociales dans ce pays? Un peu plus et cette pauvre petite créature se retrouvait dans la région parisienne ou dans la haute vallée de la Sauer. Il y a des jours où tous les malheurs arrivent en même temps !!

A notre tour nous abandonnons cette foule bruyante et grouillante pour nous rendre à SWAKOPMUND, petite cité balnéaire fondée de toutes pièces par les Allemands qui ne disposaient pas de port sur la côte.

Rues bordées de palmiers, édifices style art nouveau, maisons à colombages,  pignons en saillie, tourelles se mêlent. Etonnant.

Dîner à l’hôtel.

                                          Nuit au Strand Hôtel

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J8   SWAKOPMUND - WALWIS BAY - SWAKOPMUND           12/11/2002

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Aujourd’hui sortie en mer au départ de WALWIS BAY, seul port en eaux profondes du pays (aucun rapport avec notre expédition).

En route premières dunes dont la fameuse dune de Sevrant, la plus élevée de la région.

Cette balade permet de croiser les oiseaux de mer (sternes, cormorans, pélicans, pingouins...), les animaux de mer (dauphins, tortues géantes...) et surtout, pour les plus distraits, de voir des otaries qui viennent jusqu’à bord. Des plate-formes sont construites au large pour accueillir les oiseaux mais surtout pour récupérer des milliers de tonnes de précieux guano.

Des vols de cormorans frôlant la crête des vagues avec la souplesse d’interminables cerfs-volants, viennent se poser sur des bateaux à l’abandon et plumage hérissé par le vent attendent le passage d’un banc de sardines  avec la longue patience des pêcheurs avertis.

La côte au loin, néant blanchâtre où la lumière devient liquide est le point de ralliement des oiseaux qui avant de prendre leur vol au-dessus de l’océan exercent leurs ailes en de lents mouvements semblables à ceux de la gymnastique chinoise.

Ailleurs, les flamants roses ourlés de noir comme les ombrelles des cocottes 1920 piquettent la lagune de leurs silhouettes en hiéroglyphes. Leur nez busqué à la manière des Bourbon leur donne - même parmi les leurs - l’air d’un roi au milieu de ses courtisans. Farouches,  pour un éternuement ils décollent façon concorde (les jours sans grèves), vol horizontal, profil admirablement plat. C’est comme des parcelles d’un rêve qui s’éparpillent dans le ciel.

Nous sommes entre terre et océan. Ici les vagues de sable du Namib viennent se briser dans les eaux de l’Atlantique. Même les épaves ensablées semblent avoir confondu les deux océans.

Pique-nique à bord : champagne, canapés, huîtres... La grande vie !

De retour sur la terre ferme chacune mène sa vie. Il y a ceux d’en haut et ceux d’en bas.

D’en haut imaginez l’azur en toile de fond où se découpent des montagnes de granit zébrée de quartz rose, voiles de sable soufflé, camaïeu ocre de hautes dunes. Citadelles de sable, reliefs déchirés des inselbergs et ces espaces immenses ouverts aux regards en quête des lumières magiques qui tour à tour embrasent le minéral ou l’adoucissent d’un trait pastel. Le paysage vibre dans le frémissement de la chaleur  et fluctue comme un rideau de fumée. La montagne se détache du sol et flotte dans sur un tapis d’argent d’ondulations.

           « Ô montagne océan

           qui plane dans le ciel

           nous t’apportons nos louanges.

           Ô montagne éléphant

           plus grande que tous les animaux

           nous te saluons »

D’en haut les dunes, filles du sable et du vent sont de toutes formes et de toutes couleurs. Les canyons laissent deviner la force des secousses telluriques. Les villes fantômes sont là pour témoigner qu’on ne peut lutter contre le désert. Il faut vivre avec lui sinon on meurt.

D’en haut l’océan n’a  pas la douceur des lagons, il est ardent. Aucun relief ne vient perturber la monotonie et la désolation de la côte. Soudain au loin sur la plage se détache une épave là depuis longtemps et pour quelques années encore, le temps que les vagues en viennent à bout et que l’océan l’engloutisse à jamais. Elle s’est cognée à ces montagnes de sable muettes et nues. Pour elle, l’escale promise a ressemblé à un mauvais rêve. Les mots manquent pour conter l’étrangeté, la poésie tragique, l’impression vaporeuse et envoûtante qui vous étreignent alors.

Au fond de l’avion Jean est envoûté pour d’autres raisons. Etant pour la paix des ménages nous ne parlerons pas de Charlotte à Emmy.

Les gens d’en bas pétaradent sur des quads dans les dunes ou ronflent à l’hôtel. Nettement moins onirique.

Dîner au Ligthouse

Soirée au casino pour certains. Betty Mo. fait sauter la banque ou presque. Bonne vacances Philippe (époux de Betty pour ceux qui ne sont pas au courant).

                                          Nuit au Strand Hôtel

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J9   SWAKOPMUND - SESRIEM   13/11/2002

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Ce matin Stéphane a de petits yeux embrumés. Encore un coup des courants de bengala.

Nous prenons néanmoins la direction du NAMIB-NAUKLUFT à travers la VALLEE DE LA LUNE, cuvette fantastique composée d’une multitude de dépressions érodées donnant une impression de surface lunaire d’où le nom. Partout d’immenses champs de lichens qui n’attendent qu’une goutte d’eau pour reverdir.

Après la C 28 (pour ceux qui ont la carte en mains) nous prenons à gauche la D 1991, la fameuse route de la WELWITCHIA MIRABILIS.

      

Pour l’autrichien qui lui donna son nom c’était la plus intéressante et la plus horrible plante qu’il n’avait jamais vue. Ces arbres-plante que l’on ne rencontre nulle part ailleurs se fait chamailler les scientifiques désireux, depuis plus d’un siècle, à lui donner une famille. Nous ne nous mêlerons pas de ces querelles intestines. A l’heure où nous mettons sous presse ce serait des conifères.

Elle ressemble plus à une sorte d’agave mollement affaissée, qui repose sur le sol comme une lanière de cuir. Elle capte la rosée par des millions de pores répartis sur deux feuilles démesurées à croissance continue et par des racines latérales considérablement étendues. W.M. (quelles belles initiales entre nous) subsiste nulle part ailleurs que dans cette bande caillouteuse d’une quarantaine de kilomètres du désert du Namib.

De là nous nous engageons dans la VALLE DU KUISEB, cette rivière qui arrête la progression des dunes. Ce cours d’eau éphémère se résume à un large lit sablonneux avec un canyon très spectaculaire

Le long de la piste nous apercevons au loin quelques springbocks, autruches, zèbres et autres phacochères à la recherche d’un point d’eau et d’une maigre pitance dans ces immensités désertes. Les nôtres se trouvent au Rostock Ritz Lodge (cela ne s’invente pas). Des suricates sensés déjeuner avec nous ont brillé par leur absence. Que fait l’agence ??

Nous reprenons la piste à flanc de montagne le long de gorges escarpées et de ravins abrupts jusqu’au col. Le moteur du bus chauffe et donne des signes de lassitude. Angoisse à bord. Nous franchissons néanmoins le Kuiseb-pass pour plonger brutalement dans le désert du Namib à la porte duquel se trouve SOLITAIRE, dernier commerce où Werner fait le plein. Il s’agit en fait d’une épicerie-buvette-tabac-pompe à essence-magasin de souvenirs plantée dans un décor de far-west namibien. C’est le remake de « Bagdad café ».

Commence alors un décor de sable un peu laiteux puis il change et soudain apparaît la première dune orange. Arrêt obligatoire. La crête de la dune est une ligne parfaite et le sable fin comme de la poudre. Lumières et ombres jouent avec les courbes  dessinant des vagues brunes et ocres. A son pied un acacia, roi des arbres des régions arides de l’Afrique affiche fièrement sa couronne vert tendre.

Ici il suffit d’un petit  grain de sable dans le rouage de cette survie précaire pour que les buissons se transforment en poussière. Et les grains de sable ce n’est pas ce qui manque ici. Mais immobiles et patientes les plantes, grappilleuses de rosée, ont appris à dissimuler les rares eaux du désert... juste pour survivre.

« Quel est l’oiseau qui n’existe pas s’interrogeait l’écrivain Alexandre Vialatte ? Quand il y a le pélican, le gypaête barbu, la veuve au ventre blanc, le commissaire au ventre jaune !» 

Mais que dirait-il du républicain social qui construit les « HLM du désert », immense nids collectifs, dans les branches des acacias ?

Au bout de la piste, divine surprise, un Lodge avec des tentes dignes de Persépolis.  

                              

                                    Nuit au Sossusvlei Lodge

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J10  DESERT DU NAMIB    14/11/2002

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Réveil à 5 heures.

Le petit déjeuner à l’ombre des acacias centenaires se fait dans la salle à manger du Lodge tandis que le soleil se lève sans nous sur les dunes.

Mais nous arrivons néanmoins à SOSSUSVLEI dans les temps pour profiter de la lumière du matin. La piste s’arrête au fond d’un lac asséché d’une blancheur éblouissante  où quelques acacias morts gesticulent comme des épouvantails dessinés par Dali. Les eaux de la Tsauchab ont balayé une large vallée alluvionnaire que le sable dévore grains par grains. La rivière offre l’image d’un serpent blanc argileux qui louvoie aux pieds des pyramides de sable rouge. Ici la vie est pleine d’une alchimie mystérieuse. Le Namib est le cadre d’un tête à tête unique entre le sable et le vent, entre eux plus rien n’interfère ni les pluies, ni les marées, ni la faune, ni la flore. Le vent sculpte, le sable exécute.

On trouve les versatiles barkhanes aux formes de croissant là où le sable est peu abondant et où le vent soufflant toujours dans le même sens leur creuse un ventre en quartier de lune. Plus loin on trouve des dunes longitudinales en épis linéaires et aux arêtes effilées appelées sif comme le tranchant des sabres des caravaniers. Ailleurs encore des dunes transversales comme des vagues mais les plus impressionnantes de toutes, avec leurs bras qui s’étirent dans tous les sens, sont les dunes en étoiles.

Nous partons à l’assaut de la dune de Sossusvlei, fille d’Eole, qui lance ses vagues vers le ciel jusqu’à 300 m de hauteur. Ses lignes de crête sont fines comme le tranchant d’un couteau et les pentes aussi lisses que de la soie. Impossible, à moins de prendre une poignée dans la main, de deviner la vraie couleur du sable : à mesure que bouge le soleil, il passe de la blancheur livide au rouge le plus sombre  ou à l’orange le plus vif. Nous l’escaladons avec plus ou moins de facilité, avec plus ou moins de grâce et d’élégance. Certains avancent d’une démarche instable et croupionnante de canard ou chaloupée de vieux loups de mer à la sortie d’un bar. Dur. Surtout quand on est doublé à toute allure par un Tok tokkie (onymacris unguilarus), petit coléoptère perché sur de hautes pattes, ou par un gecko plongeur. Seul Stéphane peut rivaliser avec eux et il en profite pour embêter un de ces  petites bestioles. Mais à la fin plus dure sera la chute : entorse de la cheville. C’est la dure loi de la nature.

Dans cet univers implacablement minéral où la moindre touffe d’herbe fait figure d’oasis de grands animaux arrivent à survivre. Oryx surtout qui sont sans doute les belles antilopes d’Afrique avec leur masque nègre, leurs guêtres blanches, leur queue de chacal et leurs immenses cornes recourbées comme des sabres de parade.

Futile la contemplation de ces dunes au pelage de chamelles (pas celles de la vieille méhariste) que le vent froisse comme du papier de soie brun? Troublant plutôt ce velours vénéneux propice à tous les mirages et à l’ivresse si singulière que le voyageur en manque de boissons connaît.

Déjeuner au lodge.

Dernière sortie pour le canyon de SESRIEM, qui offre une belle promenade dans un labyrinthe de roches flavescentes sculptées par la Tsauchab. Le cours de cette rivière n’emplit la gorge qu’à la saison des pluies abandonnant au reste de l’année un lit de sable propice à la découverte pédestre. Il y pousse de gigantesques acacias et des colonies importantes de pigeons des rochers s’y abritent ainsi que des vipères cornues. Pour les sémanticiens, il convient de noter que Sesriem vient de l’alsacien « sechs rieme » rappelant le nombre de courroies de char à boeufs qu’il fallait attacher l’une à l’autre pour pouvoir puiser l’eau au fond du canyon.

Et c’est déjà le retour au Lodge pour préparer les valises ce qui n’est pas une mince affaire pour cette pauvre Marie-Jeanne. Dernier incident : Catherine, dans le plus simple appareil, se trouve nez à nez (doux euphémisme) avec l’un d’entre nous qui ne retrouvait plus sa tente avant l’heure de l’appéro !! Comme je ne voudrais pas qu’il ait des histoires avec Claire, je ne le dénoncerais pas. Après son insolation cet éblouissement aurait pu être fatal à notre compagnon. Cela aussi est la dure loi de la nature.

L’agence locale a pensé au champagne pour ce dernier soir. Gloire lui soit rendue pour cela et le reste.

                                    Nuit au Sossusvlei Lodge

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J11  SESRIEM - WINDHOEK – FRANCFORT  15/11/2002

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Derniers kilomètres de piste avant de nous retrouver à WINDHOEK. Derniers animaux au bord de la route. Entre autres une « tétrachiée de babouins» vue par Dominique qui se lâche de plus en plus.

Dernières secousses dans le bus. Occasion d’introniser les petits derniers du groupe soit Emmy, Catherine et les deux Jean et de les décorer avec de magnifiques breloques dues aux doigts de fée de Betty Me, Isabelle et Michou ainsi qu’au fil dentaire de Nathalie.

Dernier repas namibien au Joe’s Beer Bar : pavés d’oryx.

Derniers achats en ville : c’est la horde sauvage. L’avion ressemblera à l’arche de Noé.

Dernier fait d’arme : Nathalie, telle la lionne veillant sur son petit, sauve Gérard M. victime d’un pickpocket.

Derniers adieux à Stéphane et Werner : émotion palpable.

Puis vol retour dans les mêmes conditions qu’à l’aller : dur, dur.

                                                      Nuit à Bord

 

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J12            FRANCFORT          16/11/2002

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Notre voyage à travers les grands espaces de cette terre minérale, façonnée par les vents depuis des millions d’années a commencé entre dunes et Océan qui se livrent à une confrontation  sans issue.

Ici, s’achève notre voyage... de l’autre côté des dunes et de l’Océan. A Francfort !!

Merci à Stéphane et Werner qui ont été parfaits en tout. Nous avons eu de la chance de tomber sur eux.

 

Merci à Nath et Gégé pour tout et le reste.

 

Merci à vous tous pour votre approche psychodynamique du voyage et le reste.

Et alors qu’avons nous vu  là-bas ?

Un visage méconnu de l’Afrique, un territoire immense, sauvage et minéral. Pourtant les 1,7 millions  d’hommes et de femmes  qui le peuplent forment une véritable nation riche formée d’une mosaïque ethnique rare et forte qui se perd sous les premiers pas de l’humanité.

Sur l’Océan Atlantique les petites villes bavaroises sont régulièrement baignées d’un étrange brouillard venu du large, et dans les rues de Windhoek, les femmes hereros portent encore les longues robes d’un siècle disparu. Au nord les Himbas défendent leur culture pastorale et dans le Kalahari les Bushmens entretiennent des secrets immémoriaux. L’aridité des lieux a rendu la nature incroyablement inventive.

Pays de contraste : l’esthétisme sensuel des dunes dorées du Namib et l’austérité envoûtante de la Côte des squelettes. C’est ici que les lions quittent les rives verdoyantes du Pan d’Etosha pour dévorer sur la côte des squelettes, quelque loup marin. C’est ici que les éléphants traversent le désert pour rejoindre les rivières. C’est ici que les oryx, les zèbres et les chevaux sauvages doivent se contenter de peu. C’est ici que la vie semble plus tenace qu’ailleurs. C’est ici que dunes et Océan se livrent à des étreintes toutes en turbulences. L’Atlantique est glacé, le désert brûle tout proche, de leurs caresses naissent des nappes de brouillard qui vont apporter la vie à ceux qui savent l’attendre et la prendre.

Est-ce cette si longue histoire où se mêlent  les premiers traits de l’art rupestre, les invasions bantoues, les conflits coloniaux, les guérillas indépendendistes ou est-ce la majesté des mers de sable rouge qui font que tous ceux qui ont foulé le sol namibien en soient inconditionnellement amoureux ?

La Namibie a le charme étrange des rencontres inattendues. Derrière l’austérité de ses paysages de pierre et de sable se cache une nature discrète et généreuse, étonnante et touchante à l’image des peuples qui l’habitent.

« Donne-moi une plume

que je puisse chanter

que la vie n’est pas vaine...

Donne- moi un amour

qui ne périsse pas

soudain entre les doigts.

Donne-moi deux lèvres,

de l’encre pour ma plume

qu’elle abreuve de lait

une lettre d’amour

pour la terre entière.

 

                              Bryton BREYTENBACH

                              (Testament d’un rebelle)           

 

En espérant qu’il me restera un peu d’encre pour relater le prochain voyage.

 

                                                    MAURICE

 

P.S. : Bonne nouvelle pour les accrocs de Phèdre. Patrick Chéreau, le réalisateur d’ « Intimité » primé à Berlin en 2001, mettra en scène cette magnifique oeuvre au début de l’année prochaine.

P.S. bis: pour la photo de groupe RV l’année prochaine sur la troisième dune de gauche en Libye.

Et vraiment pour finir : bonnes fêtes à vous tous.