94 Vietnam
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" Je m'en vais en chantant

connaître un sort meilleur

sous les larges palmiers

en fleurs, aux colonies ...."

Charles ARMEL 1925 : Poème du départ.

 

" Le destin est comparable aux gouttes de l'averse,

telle goutte tombe dans le puits,

telle goutte tombe sur un jardin en fleurs ".

Chanson populaire du Vietnam

Vietnam

Extrême Orient peuplé de chimères et de dragons, pays du sourire et des larmes, terre de tous les rêves.

Vietnam dont la traduction est : "Sud lointain et que tous les voyageurs français, Luxembourgeois et Bretons que nous étions ne pouvaient aborder comme une autre destination".

Nous étions 30 au départ avec chacun une motivation différente. Les plus martiaux d'entre nous voulaient mettre les pieds dans les traces de leurs aînés du "corps expéditionnaire" dont les chapitres claironnants de leurs exploits ou défaites, hantes encore nos manuels d'histoire et nos cinémathèques.

Les plus gourmands étaient venus pour retrouver la saveur originale d'un nem ou d'un pho appréciés au restaurant du coin, les plus coquins pour approcher la Con Gai de leurs fantasmes.

Il y aurait même eu dans le groupe un aviculteur ? sournois à la recherche du fameux canard de Cholon.

30/10 au 1er/11  Paris -  Hong Kong - Saïgon

Vol de 9617 km jusqu'à Hong Kong où l'arrivée à l'aéroport est toujours spectaculaire. Va-t-on frôler le toit du dernier immeuble après une descente en toboggan dans un Luna Park démesuré ? On a l'impression de tomber du ciel. On reçoit de plein fouet le panorama unique de tours agrippées à cet état rocheux et ce village liquide de milliers de jonques.

La visite de la ville s'est transformée en courte escale en raison de valises fantasques ayant été enregistrées pour des destinations variées... Gérard, grâce à son sang froid légendaire et un temps fou, réussit à les regrouper pendant que le groupe courrait à la recherche de son mentor. Le temps de faire la synthèse, il ne restait plus grand temps pour visiter le "Manhattan de l'Asie". Juste quelques impressions : ici toute est à vendre, à écouter, à sentir, à manger et à être épuisé.

Et partout des enseignes lumineuses qui apparaissent comme de gigantesques pâtisseries. Quand on lève les yeux, on a l'impression de coulées de sucre multicolore en fusion s'enchevêtrant au dessus des têtes.

Encore un coup d'aile et nous voilà arrivés à HO CHI MIN VILLE ou SAIGON ou FORET DES KAPOTIERS où nous attendait LAN (Orchidée pour les intimes).

Après un premier contact - fort bon par ailleurs - avec la gastronomie vietnamienne et les baguettes, nous prenons nos quartiers à l'Hôtel REGENCY.

02/11/94    Saïgon -My Tho - Saïgon

Journée campagnarde au programme, dans le delta du Mékong avec un premier arrêt à My Tho et son marché foisonnant. On trouve de tout : du tabac en vrac aux selles de scooter, de l'alimentation à la confection, des billets de loto à a quincaillerie.

Autre halte touristique imposée : la Pagode de Vin Trang, qui ne présente que peu d'intérêt et qui semble avoir perdu son âme.

le haut lieu du jour : l'île du phœnix appelé l'île du moine aux noix de coco (n'y voyez aucune allusion anatomique). Nous y dégustons différents fruits des vergers de cet îlot avant de  nous rendre au sanctuaire de ce moine particulier, mangeur de noix de coco, qui créa une religion mêlant joyeusement christianisme et bouddhisme. Ce lieu saint où la Vierge côtoie Bouddha sous le regard bienveillant de Jésus ressemble à un Disney land du pauvre recréé par le facteur Cheval.

Finalement, l'intérêt de cette journée résidait dans le paysage traversé. En effet, cette champagne semble un lieu magique où les rêves incandescents se donnent rendez-vous lorsqu'on découvre comme nulle part ailleurs de petits villages encadrés de bambous et de larges frangées d'écume. Le villa apparaît toujours comme une île verte avec son rideau de bambous qui frémit dans la brise et qui cercle les paillotes construites en terre battue de façon très rudimentaire, parfois de latanier tressé, toit de palme ou de paille de riz.

Les bananiers aux larges feuilles vernissées bordent les jardinets, les cocotiers penchés par le vent forment d'épais rideaux et au-dessus, encore plus haut dans le ciel, les fûts minces et droits des aréquiers surmontés d'une touffe. Et dans les jardinets poussent toutes sortes d'arbres fruitiers tropicaux, de la mangue à la goyave, du banian au jacquier. On ne peut que penser à un sentiment de paix tranquille et de fraîcheur. Le delta du Mékong " Père des fleuves descendus du Tibet" constitue un dédale aquatique de canaux jaunis par les dépôts d'alluvions qui quadrillent la région...

A chaque heure de dialogue de l'eau, du ciel et de la lumière, sculpte le visage du delta où la terre et l'eau semblent infiniment liés. Ce n'est en fait qu'une terre posée sur l'eau et dont la mousson se charge d'arroser le peu de terre qui se trouve émergé.

Le vert tendre ou acide prend toutes ses aises entre les bras du delta. Quand passe une bise, un reflet d'argent court et oscille à perte de vue et meurt alors que le premier plan reprend sous la chaleur lourde sa teinte primitive émeraude mouillée, éclaire et tendre.

Retour à Saïgon pour le dîner au restaurant LIBERTY, souper musical mélangeant allègrement Tina Turner, le folklore et Mozart.
Programme hautement émouvant car Philippe le tonique transalpin écrase une larme en entendant " O sol mio " tandis que Michel se mit à rêver devant le galbe d'un violoncelle (fort bien tenu par ailleurs).

03/11/94  Saïgon - Cu Chi - Saïgon

Enfin une journée qui commence sur les chapeaux de roue avec la visite d'une fabrique de laques avec entrée par les ateliers et sortie par la boutique.

Good Morning Vietnam, tu seras bientôt prêt pour piéger les touristes.

Les premiers achats effectués, nous prenons la route pour la haut lieu militaire symbole de la ténacité et la résistance des "petits hommes verts" :  Cu Chi.

Il s'agit d'un ensemble de tunnels d'environ 200 km de long sur trois niveaux, avec une hauteur de 90 cm sur 70 de large. Inutile de dire que certains d'entre nous eurent du mal à s'y déplacer sans laisser de traces ni émettre de sons.

A l'entrée du site se trouvait un cimetière militaire pour les "blessés graves et les morts légers" ! Nous avons eu droit à la projection d'un film édifiant sur le peuple pacifique et courageux de ce pays où les jeunes filles sont frêles, vaillantes et décorées. Comble d'horreur, on nous apprit que les Américains, peuple brutal et sanguinaire avaient poussé l'horreur  jusqu'à tirer dans les casseroles Apocalypse now).

Sur le chemin du retour, notre guide Lan, au bord de la dépression nous apprit que le Breton était son pire cauchemar.

On ne saura jamais ce que ce Celte barbu lui a fait ou pas fait...

Nous terminons la journée à Cholon, le quartier chinois de Saïgon pour visiter la Pagode de la Céleste et le marché. Cholon est le résumé de l'éternel fantasme chinois : ville de jeu et d'argent, de la prostitution et de l'opium, cité des fameux canards dont le nom vietnamien est CON-VIT (cela ne s'invente pas).

Mais le quartier n°5 de Ho Chi Min Ville est aussi le prolongement industriel et commercial de Saïgon. C'est à la fois un insondable capharnaüm et une inépuisable machine à sous aux multiples ramifications mais dont le commerce et l'industrie du riz occupent le premier plan. Ce grand marché comme l'appellent les chinois, a avant tout une allure de kermesse folle, de raz de marée ou de pays en crue. Cet univers a deux composantes : l'odeur et le bruit, sensations tellement confondues et indissociables qu'on pourrait croire que les bruits ont une odeur et qu'à chaque odeur correspond un bruit.

Dans cette communauté tapageuse et tumultueuse se mêlent le crépitement des pions de Mah-jong, le tintamarre des ustensiles de cuisine, le martèlement des ferblantiers, le halètement des décortiqueries de riz, la crécelle d'un marchand de canne à sucre, la sonnette d'un vendeur de soupe ambulant, les appels des mégères, les glapissements aigus et nasillards d'un chanteur... De partout viennent des odeurs d'encens, vapeur d'opium, relents de graisse frite, effluves de santal, aigreurs de la sueur et de la misère sur lesquelles planent entêtantes, la saumure et la vase de l'arroyo proche.

Enfin, à perte de vue, les montagnes d'objets de pacotille, de matériel vidéo, hi-fi et électronique, de fruits, de mobilier chinois, de bijoux, de viandes...

Et, pour rappeler la Chine, les canards laqués de caramel alignés comme des lampions de chair sur des branches. Drôle d'univers où se mélangent les coolies faméliques presque côtoyant de gros chinois dont la richesse se mesure à la rondeur de leur bedaine, enfants, matrones, dockers; voleurs à la tire, vieillards lettrés aux angles démesurés.

Cholon travaille le jour et fête la nuit, quête de l'harmonie suprême qui unit le Ying et le Yang, ombres et lumières.

04/11/94   Saïgon - Dalang - Saïgon

La matinée est consacrée à une promenade dans le vieux Saïgon colonial lové dans le confluent de la rivière dont elle porte le nom, du canal porte TE et de l'arroyo BEN NGHE. Ville frivole qui masque ses plaies dans un rire, Saïgon 2 syllabes à la résonance de fruit tropical qui suffisent à ouvrir les portes de l'imaginaire, aux évocations chargées de langoureuses voluptés.

La perle de l'Orient, le "Petit Paris" du temps de la colonie française semble nous murmurer à l'oreille que rien n'est grave, que les choses sont légères et que l'amour ou la mort ne sont pas si sérieux qu'on le dit. On est d'abord surpris par son charme désuet de ville de province méridionale française avec ses avenues ombragée et ses immeubles officiels construits dans un style néo-classique surchargé de réminiscences hellénistes du 2ème Empire et de la 3ème République.

Tout cela s'inspire d'une antiquité frelatée avec des acanthes à la grecque, ses architraves et ses colonnades ioniques ( détails relevés par les puristes, les férus en art et autres architectes). Des résidences claires et aérées y ajoutent un caractère à la fois cossu et plaisant.

L'architecture de la vieille ville se caractérise par de nombreux volets en bois, des balcons en fer, des toits de tuiles rouges et des façades aux tons pastels. Tout cela fleure bon la France balladurienne. Grâce soit rendu aux gouverneurs et botanistes coloniaux qui ont fait de cette ville un parc préservant la somptueuse végétation naturelle indigène et d'importation.

Les teks aux larges feuilles voisinent avec les tamariniers aux feuillages impressionnistes, les badaniers avec les camphriers, les cay xo, les hévéas, les gaos avec les flamboyants aux frondaisons périodiquement rougeoyantes, sans oublier les frangipaniers, arbres sortilèges dont les fleurs blanches et jaunes exhalent un parfum aussi enivrant que capiteux (détails relevés pour les botanistes et autres paysagistes amateurs du groupe).

Saïgon joue aussi les mirages Eldorado pour transfuges des rizières comme les appellent les citadins. Ici, on cherche à survivre d'abord, à vivre un peu mieux chaque jour ensuite. Pas une âme qui ne propose de vendre, de réparer, transporter, négocier...

Dans chaque maison une boutique... Véritable ruche bourdonnante : taxi antédiluvien (203, Dauphine, Traction Citroën) et cyclo-pousse se disputent leurs clients en hordes pétaradantes se frayant un chemin à coups d'avertisseurs. Les Kem bistrots proposent avec une sono gonflée de potages pho, des tartines de Vache qui rit, des boulettes de viande...

Une marée humaine va et vient, foule apparemment sans but, tourbillonnant, avançant et refluant au gré de mystérieux courants aussi violents que contradictoires pour participer à cette grande messe que célèbre chaque jour l'ancienne capitale du Sud : Le Commerce. Une forêt de chapeaux coniques, de fichus à carreaux, de chemisettes et de pantalons noirs, sous lesquels on devine des formes humaines portant des hottes, des paniers, des balanciers, auxquels sont accrochés fruits, légumes, sacs de riz, volailles caquetantes et même des petits cochons noirs grognant d'indignation.

C'est au fond des boutiques et des échoppes dans les travées des marchés que bat véritablement le cœur de Saïgon. Chaque quartier possède son marché et ses activités favorites : métaux, ébénisterie, menuiserie, commerce et réparation de vélos et cyclomoteurs, livres, vaisselle, baïonnettes, boussoles, chronomètres... On achète et on vend tout.

La rue CATINAT aujourd'hui DANG KLOI (rue du soulèvement populaire) reste les Champs Elysées de Saïgon avec ses boutiques et ses cafés, avec l'animation que cela apporte. S'y trouve l'Hôtel MAJESTIQUE (ancienne Taverne Alsacienne), la cathédrale Notre Dame avec ses 2 clochers, ressemble aux églises romanes de nos bourgs. Elle règne en souveraine sur le centre de la ville. Ses deux tours dominent la ligne d'horizon. Sur la place une statue de la Vierge regarde avec sérénité vers la rue Catinat apparemment oublieuse des activités "sensuelles" de cette artère.

Sur la place se trouve aussi la poste dont la charpente de GUSTAVE EIFFEL a toujours fière allure.

L'Hôtel de Ville style chou à la crème peint en jaune et blanc, surchargé d'arches et de colonnettes, surplombe avec majesté une statue de HO CHI MINH.

Autre lieu de l'ancienne colonie : l'hôtel CONTINENTAL qui abrite les fantasmes d'André Malraux (cf."Anté-mémoires") et de  Graham Green qui a écrit "Un homme bien tranquille". On peut parait-il s'y livrer aux charmes de cette fumée brune qui procure dit-on des pensées aussi subtiles que singulières : l'opium. Sortilège qui s'accompagne de celui qu'exerce l'Eve exotique, peut-être plus habile que celle de l'Occident à dispenser les mirages de l'amour.  (Rassurez vous Mesdames, nous n'en croyons rien).

Après cette incursion dans le passé de notre empire colonial, nous prenons l'avion pour un court vol vers DANANG où nous attendent pêle-mêle CHANG alias Pivoine (décidément c'est les floralies!), le chauffeur et le vice chauffeur.

Le premier contact avec notre nouvelle guide se fait dans la joie et la bonne humeur car elle avait un rire permanent et communicatif. C'est donc hilare que nous franchissons le col des nuages (le bien nommé) pour arriver à HUE pour une soirée musicale traditionnelle sur sampan se terminant par un lâcher de lotus en papier de soie éclairés par des bougies.

Telles des lucioles, nos vœux se sont éparpillés le long de la Rivière des PARFUMS.

Hôtel du jour : BAC DANG

05/11/94    HUE

La pluie était au rendez-vous pour la visite de la Cité des Poètes.

Nous commençons la visite par une promenade en bateau sur la rivière des parfums pour nous rendre à la Pagode de THIEN MU qui domine le paysage avec ses 7 étages.
Ce temple est aussi appelé Pagode de la Dame Céleste, est à Hue ce qu'est Notre Dame à Paris.

Le retour  vers la ville se fait en bus.

Hue fière de ses siècles de traditions est la capitale des Arts et des Lettres et l'ancienne résidence impériale. Sa cité pourpre interdite est la copie sans vergogne mais en plus modeste de celle de Pékin. On y accède par une enceinte à la Vauban qui entoure 3 villes distinctes : la rouge interdite pour la famille impériale, la royale (ensemble de palais et de pavillons réservés aux cérémonies civiles et religieuses et aux archives des mandarins) et enfin la capitale (siège administratif impérial : bureaux, pavillons et chancellerie).

Hue est une ville émaillée de jardins et gorgée de bassins à lotus. C'est aussi une cité fluviale, installée sur les rives de la nonchalante Rivière des Parfums, jonchée de petits bateaux en bois qui servent à transporter des marchandises et des hommes.

Hue a donné naissance à l'unique style de décoration vietnamien, sorte de baroque occidental qui mêle des représentations mythiques, des ornementations ostentatoires et des couleurs vives.

Le tombeau de TU DUC est situé au bord d'un étang où fleurissent des lotus avec un petit pavillon de bois où l'empereur composait des vers et assistait à des spectacles de danse et de musique. Le tombeau de KHAI DHIN est radicalement différent dans le style et l'esprit. Son architecture est étrangement teintée de l'influence occidentales.

C'est un étonnant tribut à l'opulence royale avec une effigie dorée du souverain surmontant une estrade de marbre au centre de la pièce.

06/11/94    HUE - DANANG - HANOî

Nous reprenons notre route vers DANANG en nous arrêtant au village de HOI AN riche en vielles maisons et d'un marché pittoresque qui fournissent à nos sémillants photographes une occasion de faire de belles images. Nous visitons l'une des vénérables demeures (en fait un grand magasin) sous la conduite du propriétaire Monsieur Ma Maison !

Autre arrêt : la plage. Celle-ci avait des particularités bien étranges : des heures d'ouverture et de fermeture très strictes, de nombreuses contre-indications médicales tel que cardiaques, les poitrinaires et ceux qui ont "trop boire". Nous ne fûmes donc pas nombreux à y tremper les pieds.

Nous déjeunons à Danang dans un restaurant dont les serveurs pour une fois sont très lestes, si lestes qu'ils nous délestent du pourboire de nos accompagnateurs.

C'est donc dans la confusion totale que nous quittons "Pivoine" pour un vol vers Hanoï.

Hôtel du jour : HOA BINH

07/11/94        HANOï

Journée consacrée à la capitale du Nord avec bien sûr la visite inévitable à l'Oncle HO dont le mausolée à la gardeur exquise et délicieuse de l'architecture socialiste et la grâce de la démarche des soldats qui y montent la garde.

Ce brave Monsieur HO CHI MINH possédait en outre un palais et une garçonnière sur pilotis. Ce qui fait beaucoup pour un seul homme communiste de surcroît. A côté de cet ensemble massif, se trouve la modeste et gracieuse Pagode au Pilier Unique (CHUA BOT COT) qui parait fragile comme de la porcelaine au milieu d'une pièce d'eau couleur de jade. Elle s'élève sur une colonne, symbole de la tige de lotus.

Le musée historique étant fermé, nous nous rendons au temple de la littérature VAN MIEN qui était la première université du Vietnam dédiée à Confucius dont les pensées hantent nos mémoires. Je ne résiste pas au plaisir de vous en fournir un échantillon :

" Ne bats jamais ta femme avec la main sinon à quoi servirait le bambou ? "

On y trouve 82 tortues sur des stèles en pierre dans un joli parc avec des constructions très harmonieuses.

Après la culture, un tour à la pagode de Dieu du Nord (QWAN THANH) près du lac de TRUC BACH. Le côté religieux de l'édifice est éclipsé par la star d'un film tourné sur place.

Nous déjeunons sur le lac frangé de flamboyants et dont les bords servent de promenade aux amoureux et que les personnes âgées fréquentent pour pêcher, jouer aux cartes ou simplement bavarder.

Après ces agapes aquatiques, nous faisons un tour en ville en cyclo-pousse afin de goutter aux émotions fortes que procure la circulation anarchique du pays. A ce jour, nous ne savons toujours pas si elle se fait à droite ou à gauche, ni où se situe la priorité.

Après avoir affronté le danger de la rue, nous en affrontons un bien plus grand : les magasins de la rue de la Soie... Les plus romantiques se contentèrent d'admirer d'une terrasse et à l'ombre d'une Tiger le pont HUC (du soleil levant) légèrement cintré, reflétant son rouge vermillon dans les eaux claires du petit lac et reliant la berge à une minuscule île où se dresse le Temple de la Montagne de Jade (GNOU SOW). Ce petit pont "arc en ciel enjambant le firmament" est souvent appelé " le Perchoir du Soleil Matinal".

Sortie nocturne pour assister à un spectacle de marionnettes sur l'eau, haut en couleurs et d'une naïveté toute primesautière.

08/11/94    HANOÏ - HAÏPHONG

Départ pour HALONG via HAÏPHONG à travers la campagne  toujours aussi belle et besogneuse.

Route longue et dure en raison du pont de BIA HOI qui est à sens unique et qui semblait fonctionner que dans un sens, c'est à dire le sens opposé au nôtre, ce qui n'avait pas de sens (tout le monde a compris ?? ).

HAÏPHONG, premier port du Vietnam est enserré d'un cercle de falaises semblables à des têtes de dragons.

En dehors d'un passage dans une fabrique de tapis et dans un restaurant, nous n'en verrons rien. Peut-être n'y avait-il rien à voir ?

Encore deux bacs à prendre et nous voilà à HALONG où, nous nous précipitons pour faire un tour en bateau et voir le coucher du soleil.

Hôtel du jour : HALONG 3

09/11/94    HALONG - HANOÏ

Après le petit déjeuner, nous partons pour une croisière dans la baie et ses paysages légendaires.

"des cimes élevées se dressent dans la mer comme autant de joyaux,

sommets bleuâtres constellant l'échiquier des flots"

Poème du roi LE THAN TOW (1469)

Ce paysage de légende, véritable estampe japonaise, fascinait déjà les voyageurs il y a plusieurs siècles.

Témoins de ce récit du voyageur chinois PIANG TING HOWEI en 1688 :

"Chaque fois que nous arrivons dans ce lieu où les montagnes envahissent

l'espace, où la mer se rétrécissait, je me demandais s'il était possible de passer 

les montagnes nous enserraient de tous les côtés sans que le vent ne soufflât

jamais. Aussi étais-je prêt d'oublier que nous naviguions en mer...

Partout où le regard se portait, les montagnes offraient l'aspect d'animaux

sauvages ou de farouches guerriers assis couverts d'armures, la tête casquée..."

HALONG c'est le "dragon descendant" selon la légende. C'est la 8eme merveille du monde avec ses 300 îlots et récifs karstiques où glissent les jonques aux voiles tendues, semblables à des nageoires de poissons ou repliées telles des ailes de chauve souris. De longues perches de bambou supportent des filets dérivants. Les sampanniers ont l'onde et les poissons sous leurs pieds et le soleil et ses nuages d'or sur leurs têtes pour leur annoncer une bonne pêche.

C'est ici un univers sans cesse changeant et immuable, arène où luttent les forces magiques qui régissent la nature et le mouvement. D'emblée, on est frappé par la tranquillité majestueuse du paysage. Heures de rêves, de laisser vivre le plus doux, le plus rare parmi cette prestigieuse fantaisie de la nature.

Ce Carnac de la mer avec ses pierres lavées surgies de l'eau, la Venise de rochers.

Au lieu de palais, les hautes parois déchirées et dentelées, des arches, des obélisques, des pylônes aussi nettement taillés que des oeuvres d'homme et zébrés comme des cathédrales toscanes par les grandes rayures de stries géolitiques.

Chaque rocher a une forme particulière, même si l'ensemble semble monter la garde comme une armée de géants pétrifiés. L'une comme un animal antédiluvien s'élève vers les cieux, une descend et plonge sa tête dans l'eau, l'autre semblable à une arche n'a que ses deux pieds baignés tandis que son front est couvert d'une forêt de pins, une autre encore, élancée et fine comme une urne jaillie du sein de la mer et projette son corps élégant, que l'on dirait sculpté par un artiste. D'autres roches enfin qui semblent être d'un seul bloc, renferment parait-il des cavernes mystérieuses où, d'après les pêcheurs, vivent des dragons et des serpents mystérieux (mais peut-on croire un pêcheur ?)

Et si chaque roche a sa forme, chacune a aussi sa couleur particulière. Ces milliers de pains de sucre émergés épousent tous les gris, paraissent ici veinés de perles, là bleuâtre, plus loin presque noirs. Il en est de rouge sang et tantôt vert. Et ces teintes reflétées dans les eaux, fondues dans le ciel, donnent à la baie dont elles multiplient à l'infini les massifs rocheux, une dimension magique.

Nous retournons à HANOÏ par la même route qu'à l'aller et nous tombons dans l'heure de "pic" (pointe bien sûr!) ce qui nous met en retard.

Marie-jeanne en profite pour enseigner le chant du voyage à la chorale des "verts".

Hymne dans lequel il est question d'agrumes et de jeux de mains.

Où cela va-t-il nous mener ?

Hôtel du jour : HOA BINH.

10/11/94        HANOÏ  -  HOA BINH

Départ à l'aurore car la route est longue jusqu'à la montagne.

Pour alléger l'expédition, nous abandonnons nos valises à l'hôtel car "elles ont une réunion dans la chambre".

Par contre nous pouvons laisser nos affaires dans le bus et nous arrêter pour des "besoins quelconques".. Tout cela peut paraître compliqué à priori et cela l'est probablement puisque la question revient à chaque arrêt.

Nous nous arrêtons en route pour visiter la Pagode des Parfums (CHUA HUONG) qui est en fait un ensemble de sanctuaires aménagés dans les falaises karstiques de la Montagne de l'Empreinte Parfumée. On y accède en remontant la rivière YEN dans des barques en tôle peu confortables. Mais la beauté du site et des rameuses nous font oublier nos fondements douloureux.
La Montagne de l'Empreinte Parfumée a des flancs couverts d'une végétation luxuriante ponctuée de temples et de pagodes, et ses rochers sont recouverts d'une chevelure de fougères. Ils portent des noms suggestifs tels que la Bonzesse, le Plateau de Riz ou l'Éléphant accroupi.
Les sentiers accédants aux sanctuaires glissent par endroit comme une patinoire olympique transformant la prière à Bouddha en pèlerinage à St. Antoine de Gadoue (une peu vaseuse celle-là!!!).

Hôtel du jour : HOA BINH 1

11/11/94    HOA BINH  -  HANOÏ

Matinée consacrée à l'ethnologie et  à la minorité MUONG en particulier. Nous visitons un de leurs hameaux constitué d'une dizaine de maisons sur pilotis et, nous sommes reçus dans l'une d'elle. Là, une accorte Grand-mère nous initie aux mystères de la pipe à eau et nous invite à prendre le thé ou une liqueur de riz. Les femmes portent des turbans, de courtes vestes colorées avec des jupes noires et de larges ceintures brodées remontant à mi-poitrine.

Les MUONG élèvent peu de bétail (cochons noirs, buffles et volailles, le tout en semi-liberté) et cultivent du riz, du bambou, des céréales et de la jute.

Quand aux THAIS, nous ne les avons pas rencontrés. Ils s'étaient probablement ...thaï...llés. D'accord, on peut mieux faire!)

Retour à HANOÏ sans incident.


Hôtel du jour : BAC DO.

12/11/94    HANOÏ  -  HOA LU  - HANOÏ

Nouvelle sortie d'une journée vers HOA LU, la "Baie d'Halong Terrestre".

Marie-jeanne a passé une nuit tumultueuse avec une table de nuit (??!)

Avant d'arriver sur le site, nous nous arrêtons dans un petit village pour voir une pagode catholique datant de 1914. Nous en profitons pour nous intéresser à la vie de cette communauté et nous dégourdir les jambes. Le temps d'avaler une "vache qui rit" dans le cadre grandiose de la Pagode de la Grotte de Jade, (trois étapes sans ascenseur), nous repartons à VAN LAM pour prendre des barques en bambous tressés et nous promener dans les rizières inondées et des lagons entourés de blocs monolithiques de karst truffés de grottes.

Le voyage aller de ces frêles esquifs se paye en dongs, mais le retour se négocie en nappes. Il semble que tout le monde n'ait pas payé son écot car, une partie du retour se fait à pied avec des arrêts au temple de DINH et de LE.

Retour en bus vers HANOÏ.

13/11/94    HANOÏ

Journée libre consacrée pour les uns à une course échevelée pour les derniers achats, pour les autres, à un repos compensateur voir, une ultime visite culturelle de la ville. Les turpitudes de chacun ne seront pas révélées ici. Nous nous contenterons de livrer nos impressions sur la ville.

HANOÏ, la "cité en deçà du fleuve rouge", est enfouie dans la forêt de flamboyants, de micocouliers, d'acacias et de manguiers. Elle ressemble à une lointaine cousine de province tant elle respire la France par tous les pores de ses rues, de ses parcs et ses boulevards? Dans le centre ville, on découvre des maisons à deux étages ou même trois dont les terrasses débordent de fleurs et de plantes vertes.

On croise de longues avenues bordées d'arbres qui vont d'un lac à l'autre ou d'un espace vert au suivant. Puis, ce sont les ruelles avec leurs toiles d'araignées tissées par les fils électriques. L'opéra de style baroque est la réplique de son homologue parisien alors que les proportions de la cathédrale gothique contrastent avec l'enchevêtrement des habitations qui l'entourent. les rues fourmillent de cyclistes, de cyclomoteurs et de piétons et on voit le rares limousines fatiguées. Comme pour renforcer cette atmosphère française, on peut voir quelques vieillards en béret noir, des baguettes de pain dans un cabas. Mais l'air qu'on respire nous rappelle que nous sommes ailleurs, odeurs de fritures, de safran, de citronnelle, de coriandre et de couenne de porc.

Malgré 20 années de guerre, HANOÏ est restée figée depuis le départ des "colonisateurs" accroupie au bord du lac. Figée mais non immobile, car rongée de l'intérieur et vieillissante, cloquée et fendillée. Pourtant tellement prenante encore : fruitée, dorée malgré les mousses qui l'habillent, romantique et baroque, bucolique et paysanne, toute étalée parmi les lacs.

HANOÏ est aussi la ville aux 36 ruelles : rue des bananes, de la soie, des éventails, des ferblantiers, de la laine, du coton, du sucre.... C'est un ensemble de dédales sinueux toujours animés, de maisons basses aux portes de bois. De-ci de-là jaillit parfois un balcon orné d'arbres nains bien taillés dans des potiches. Les boutiques gorgées de produits de consommation (vins français, whisky, pâtés en boîte, blue jeans...) donnent une impression d'abondance. Le va et vient de la foule est intense mais on découvre qu'il y a plus de badauds que d'acheteurs.

14/11/94   HANOÏ  -     HONG-KONG    -     PARIS

 

Le long ruban de la route mandarine s'est achevé. Le ciel a rejoint l'eau, la terre a rejoint les hommes, le Nord a rejoint le Sud et le Vietnam a rejoint nos cœurs.

On pourrait le résumer ainsi : de l'eau, du riz et des sourires.
Une végétation subtropicale luxuriante au cœur d'une jungle impénétrable, de chaînes de montagnes, de plages sablonneuses encore épargnées par le tourisme, des côtes rocheuses escarpées, les rizières s'étendant à perte de vue dans les vastes deltas du fleuve. Les paysages fascinent par leur beauté singulière et leur étonnante variété. Les habitants séduisent par leur hospitalité car, au Vietnam, on sourit toujours mais on ne sait pas si le sourire camoufle du fatalisme, de la résignation ou de la tristesse.

On sourit du Sud au Nord, mais pas toujours pour les mêmes raisons.
Ici, les filles portent des noms de fleurs, de couleurs ou de pierres précieuses et éveillent en nous le rêve des paradis. Le poète N' GUEN DU imagine ainsi la perfection féminine :

"la taille doit être aussi fine que la tige de l'abricotier, le visage aussi rond que la lune, les lèvres parfumées comme les pétales d'une fleur au matin et surtout la parole aussi rare que le jade". Les poètes sont décidément des fous sous tous les cieux !

Nous avons bien sûr évité d'approcher ces femmes mythiques car comme dit le proverbe vietnamien : "la paille que l'on pose à côté du feu finira tôt ou tard à s'enflammer".

Je laisse à un autre poète le soin de résumer mes impressions :

" Voici des nuages flottent jusqu'aux pieds des montagnes,

Au flanc d'un mamelon la rumeur d'un marché qui se disperse au crépuscule...

A l'horizon palpite une voile qui rentre.

Voici un vieux débarcadère,

Sur un village de pêcheurs s'inclinent les rayons du couchant...

Voici la fumée du soir qui monte dans la rosée,

Voici les bambous imprégnés de larmes..."

Il ne me reste plus qu'à remercier chacun d'entre vous pour sa touche personnelle à ce voyage.
Néanmoins, je ferai une mention particulière à Christiane Schwinte et Claude Ladouce, les moins jeunes du groupe, pour leur patience bienveillante et leur enthousiasme.

Merci aussi à Paulette et André d'avoir permis à ETAPP d'atteindre la dimension internationale en posant le pied au Luxembourg. Après l'humanisation de la Bretagne, ce nouveau pas en avant s'imposait !

Et bien sûr comment ne pas remercier Gérard pour la somme de travail fourni comme toujours dans la discrétion et la bonne humeur.

Le mot de la fin sera laissé à Mirabeau :

                            " Ce qu'il y a de plus impossible à arracher au cœur des hommes, c'est la puissance du souvenir "

 

MAURICE

 

" Longue est la route pour qui est fatigué,

Longue est la succession des existences pour qui ne connaît pas la loi...

Le chemin marécageux est la jouissance, le désir, l'ignorance.

Le chemin sûr et bon par où on passe bien s'appelle méditation pure...

... A la fin de ma vie, mon âme s'en ira solitaire, alors seules mes

    bonnes actions me protégeront. "

                                                                      (Prière à Bouddha)