|
" De l'obscurité conduis-moi à la lumière. De l'ignorance conduis-moi à la connaissance. De la mort, conduis-moi à la non-mort
Texte sacré de USPANISHAOS
INDE, mot magique évoquant des nuages d'encens des souffles de jasmin des odeurs de musc de santal de cardamome et de patchouli. Aucun pays au monde n'est capable de
s'emparer du cœur et de l'âme du voyageur comme elle. Ses
paysages, ses odeurs, ses bruits ont excités les
imaginations occidentales depuis des siècles. Mark Twain disait déjà : "Autant que je
puisse en juger, rien n'a été épargné par l'homme ni par
la nature de ce qui pouvait en faire le pays le plus
extraordinaire visité par le soleil dans sa course".
ler
novembre De 31 participants prévus, nous n'étions
plus que 24 au départ de Francfort. Déjà l'hécatombe
commençait. C'est en ordre dispersé que nous passâmes
la première nuit commune sur un vol sans histoire pour
DEHLI. 2
novembre
DEHLI Premier contact avec Tapan (Soleil
levant), notre mentor, rencontre déterminante pour la suite
de notre périple car sans lui notre voyage n'aurait pas eu
la même dimension. Il représentait à lui seul toutes les
facettes de son pays : connaissance, sagesse, hospitalité,
débrouillardise et charme (n'est-ce pas Mesdames ?!).
Peut-être étions nous tombés sur la dernière réincarnation
de Bouddha ? Le spectacle de la rue de la grande
cité indienne donne une impression d'anachronisme. L'ample
costume traditionnel alterne avec les complet vestons
de bonne coupe, de séduisantes collégiennes en jeans
(attention Jean-pierre) les cheveux dénoués côtoient
les hommes à demi nus tirant des charrettes à bras
chargés de sacs de grains, de blocs de glace ou de
mobiliers divers. Des carrioles attelées de buffles
avancent lentement mais à grand bruit; leur conducteur a
beau tordre impatiemment la queue des animaux,
ceux-ci, indifférents à ce traitement indigne,
continuent leur rythme impassible. De maigres chevaux traînent
des calèches à bout d'usure au milieu des voitures, des
autobus et des taxis qui ne cessent de klaxonner. La vache est omniprésente allant à
sa guise par les ruelles et les grandes avenues. Les
cyclistes le plus souvent ajoute à la confusion tandis que
les mieux lotis foncent sur leur scooter sans égard pour
leur compagne assise à l'arrière. D'antiques camions décorés de paons
et de couleurs vives portent sur le hayon l'inutile
"Horn please". Pour l'occidental en visite se déplacer
d'un point à un autre de la ville au milieu de ce tohu-bohu
semble une entreprise ne péril. Malgré ces embouteillages nous avons
pu voir le QUTB MINAR - imposant minaret de 72 mètres -, la mosquée QWWAT-OL-ISLAM, la colonne
de fer, nous reposer un peu dans les jardins du mausolée
moghol SADA-JANG, entre-apercevoir le Fort Rouge
et faillit visiter le JAMA-MASJID -
la plus grande mosquée
de l'Inde -, malheureusement nous étions arrivés à
l'heure de la prière. D'aucuns en ont profité pour acheter
des fouets dont l'usage ne sera pas dévoilé ici. Gîte du jour : Hôtel SIDDARTH.
3 novembre Début des vacances : lever 4 heures,
départ hôtel 5 heures pour arriver à UDAIPUR à lO h 30
après 1 h 30 de vol. Inutile de sortir vos calculettes car
ceci relève de la mathématique indienne. En passant
n'oublions pas que ce sont les Indiens qui ont inventé le
chiffre zéro, qui est la base de tout calcul. Arrivés sur place nous étions
attendus par une escouade de policiers armés de bâtons.
Ces braves pandores étaient là pour nous ouvrir la route
en raison d'une grève générale avec manifestation dans la
ville. A ce stade de notre périple
intervient Monsieur SINGH, notre chauffeur, qui allait nous
conduire jusqu'à AGRA. Ce magnifique Sikh avait une
particularité étrange mais finalement peu gênante : il était
retrancher derrière d'étranges lunettes probablement
faites avec des culs de bouteilles de rhum local dont il était
friand. Cela (les lunettes et le rhum) lui permettait
d'aborder la circulation anarchique avec un calme et un
sang-froid permanents (malgré les angoisses de
Raoul). En outre il s'avérait être un séducteur hors pair
et Betty eu beaucoup de mal à ne pas craquer. Un palace pouvant en cacher un autre,
c'est à l'hôtel RAJ-DASHAN que nous posâmes notre
bagage. Avec
UDAIPUR nous entrâmes dans le RAJASTAN. La tradition épique et
poétique est si forte dans ce pays qu'il est souvent
difficile de séparer la vérité historique de la légende
d'autant plus que l'histoire elle-même est romancée. C'est
une terre antique où l'on découvre la grandeur du paysage,
le contraste né de l'opposition entre le désert et la
barrière montagneuse. UDAIPUR - Après avoir fait le plein de poésie
et de sérénité ce fut une ruée échevelée sur des
motos, des scooters et des Rickshaws à travers les ruelles
vers l'embarcadère afin de faire un tour sur le lac. Du
nirvana nous venions de passer sans transition dans un monde
wagnérien avec Sabine ouvrant la marche telle une Walkirie
sur un fier destrier tandis que Gérard en équilibre
instable le coursait pour filmer cette séquence
d'anthologie. Néanmoins nous étions encore 24 en arrivant
au port. Après avoir dédaigneusement contourné JAG-NIVAS
- palace ringard où l'on voulait nous faire dormir - nous avons admiré
JAC MANDOR Palace, petite résidence plus intimiste. Même
Stendhal était pris par le charme de ce lac qu'il comparait
au lac de Côme. 4 novembre Quelques lèves tôt ne
voulurent pas quitter Udaïpur sans revoir le ghât eu
soleil levant. Devant ce spectacle comment ne pas penser à
ces quelques vers du chant de Krishna à Râdhâ :
"Ô mon aimée dis-moi qui est
cette femme inconnue au teint doré ? Je la voit se baignant
au ghât. Sur le bord de la rivière Yamaranâ, elle s'était
assise les jambes croisées dans l'eau, sur le sari dont
elle s'était dépouillé. Son collier d'or se balançait
sur ses seins nus pareils aux collines de Sommeran. " C'est vrai qu'ici les femmes ont des
ports de reine quelque soit leur condition avec leurs tenues
contrastées avec des couleurs soyeuses allant de l'orange
au jaune en passant par le rouge profond des saris et avec
leurs lourds bracelets d'argent ornant leur cou, leurs
chevilles et leurs poignets. Philippe B. et Yves trouvaient aussi
les hommes très beau avec leurs fières moustaches et leurs
longs turbans sans que pour autant leur couple en fut
perturbé. Après le petit déjeuner, tour rapide
au City Palace pour visiter le palais du Maharadjah avant de
reprendre la route vers Jodhpur. Nous étions à peine à J4 et déjà
la consommation de rouleaux cellulosiques prenait de
l'ampleur... A quelques kilomètres d'Udaipur nous
visitâmes le temple de RAMAPURI avec son magnifique Nandu
avant de déjeuner en route avec au menu : riz,
choux-fleurs, courgettes et des os en sauce... (comme les
jours précédents et tous ceux à suivre). Cela avait le mérite
d'éviter de discuter de 'bouffe'. Encore qu'il y eut des
nostalgiques des salades mixtes... Enfin nous étions là
pour la culture et nous fûmes récompensés par la visite
des joyaux des temples jaïns de RANAKPUR. Gîte du jour: RAJANA POLO Hôtel. 5 novembre Avant de prendre la route du désert,
visite du fort de Jodhpur dominant la ville au sommet des
roches escarpées et abritant le palais princier, les autres
palais et les temples. Du sommet des remparts on pouvait
embrasser du regard la ville bleue. Après ce survol de Jodhpur, tels les
anciens caravaniers de la route des épices et de la soie,
nous partîmes vers le désert du THAR en direction de
JAISALMER, dernière étape avant le Pakistan. Ce périple un peu long sur ces routes
poussiéreuses nous permis de respirer les parfums les plus
divers mais ils en étaient venant de l'avant du bus - malgré les dénégations de Nicole
- qui gênaient énormément
ceux du fond (c'est là qu'on les reconnaît : Jean-luc,
Yves, Philippe B. - au nom prédestiné ... ). Une
analyse fine faite par nos pharmaciennes (Anne-cécile et
Dominique) concluait à un mélange à base de malt fermenté.
Mais n'était-ce pas cela aussi la vie en promiscuité
? Enfin, plusieurs pintes de whisky plus
loin, certains virent encore sur le plateau de Triata,
Jaisalmer, la ville de grès jaune qui semblait avoir été
oubliée en plein désert. Gîte du jour : KANILIPRIYA
Hôtel - pénitencier dont les sanitaires et la
literie devaient dater du dernier séjour de Marco Polo.
6 novembre
Visite du fort se trouvant sur un des
plateaux. Celui-ci est coiffé de 8 ombrelles car les
Maharadjahs prétendant être les descendants de Krishna
posséderaient une ombrelle. L'ancienne ville se trouve dans
la citadelle où l'on entre par la porte du soleil. Cette
cité regorge de temples hindous, jaïns (temple de LAKSHI)
et de ruelles pittoresques. C'est ici que les SILAVAS
(tailleurs de pierres de père en fils) ont trouvés leur
expression parfaite dans les HAVELIS (demeures de riches
marchands). Ces constructions où le quotidien est proche du
rêve sont aujourd'hui abandonnées ou occupées par des
boutiquiers. A défaut d'être émerveillés, on ne peut
qu'admirer ces balcons en saillie très ouvragés. A l'est de la ville un petit havre de
paix à GADHI-SAR, bassin construit par une
courtisane, auquel on accède par une belle porte. Avent de
quitter Jaisalmer, encore un petit détour par BADA BATH (ensemble de cénotaphes en grès
jaune de style Moghols érigées à l'endroit de l'incinération
des Maharadjahs). C'est dans ce sanctuaire que nous apprîmes
qu'il y avait des Tamouls maboules, mais que tous les
maboules n'étaient pas Tamouls. Une fois le soleil couché, il nous
restait à aborder la nuit dans le train. Instant tout
attendu. Qui n'a pas rêvé de l'Orient-Express, du
Transsibérien ou des trains des Maharadjahs ? Déjà les
wagons blancs immaculés, frappés du blason princier avec
salons et intérieur en bois massif attendait sur l'unique
quai. Nous dûmes rapidement déchanter car nous n'avions
que des wagons lère classe. Ceux-ci relevaient d'un
croisement incestueux entre une bétaillère et un train pénitentiaire
oublié dans un hangar depuis le départ des Anglais, car même
les toiles d'araignées étaient d'époque. La literie était
composée de deux mouchoirs à carreaux qui semblaient avoir
été oubliés par une femme de ménage négligente. Par
contre le personnel se composant d'un "gardien-contrôleurchiromancien-portier"
était très stylé. Selon le bakchich espéré il vous prédisait
un avenir radieux.
7 novembre Après une nuit froide que certains
espéraient chaude (pas vrai Chantal ?) nous nous retrouvâmes
au RAJANDA -
POLO pour un petit déjeuner reconstituant. Pour nous aérer un peu, nous avons
fait un petit tour à MANDORE
(ancienne capitale MAGWAR)
dans un jardin verdoyant où régnaient de nombreux
oiseaux et de petits écureuils rayés si utiles à l'art
pictural local. Dans ce parc se trouvait la "Galerie
des héros" (série de statues naïves de 12 guerriers
à cheval et armés, taillées dans le roc et peintes avec
des couleurs criardes) ainsi qu'une série de temples
hindous. Après une petite sieste bien méritée,
enfin un bain de foule dans le bazar de la Tour de l'Horloge
où pour une fois nos compagnes atteintes de la fièvre
acheteuse n'ont pas fait de dépenses somptuaires. Ici foule
bigarrée, odeurs, couleurs, étalages de légumes et de
fruits, d'épices, de bric-à-brac, de bracelets de verre,
cotonnades et les incontournables bouses de vache. Retour en bas en calèche (assemblage
de planches hétéroclites sur deux roues tirés par des
chevaux faméliques). Scène épique dans les rue car cela
ressemblait fort à une course de char dans un péplum de série
B. La soirée au bord de la piscine nous
permis de découvrir le vrai visage de Jean-luc grâce aux
petites mains de Chantal et à la complicité d'Yves. Mon
dieu que Jeanne-luce était bien maquillée, ornée de
bijoux et vêtue d'une robe on ne peut plus suggestive. Quel
beau présent pour un ex-président despote 8 novembre Enfin une route vers la terre promise
de PUSHKAR pour les fameuses fêtes de la nuit de la pleine
lune de novembre. Depuis la nuit des temps chaque année
les Rajputs guident d'innombrables troupeaux de dromadaires
vers la plaine où se trouve le lac sacré apparu à
l'endroit de la chute d'un pétale de lotus que Brahmâ
tenait en main et avec lequel il avait occis un démon qui
terrorisait la région. Ces festivités rassemblent à la
fois un culte à Brahmâ, un commerce agricole, une fête
foraine, bref une fête de couleurs et de joie avec comme
toujours l'omniprésence des marchands du temple. Après quelques ablutions et
incantations (et du bakchich) certains eurent un passeport
pour l'éternité ce qui leur donna le courage doublé d'une
bonne dose d'inconscience pour monter sur une grande roue
qui était un défi aux lois physiques et mécaniques élémentaires. Autour du temple de Brahmâ, véritable
cour des miracles, se regroupent les pèlerins, les
mendiants, les prêtres transcendés par la drogue. Mais dès
qu'on s'éloignait dans les dunes silencieuses où se
trouvaient les troupeaux et leurs gardiens, le spectacle
devenait biblique et on laissait errer ses pensées au
rythme des dromadaires dodelinant de leur pas lent à la
poursuite d'un horizon, entre ciel et terre, qui recule sans
cesse. C'est en rentrant à travers ces dunes
pour retourner à notre campement que nous fûmes frappés
par la pleine lune de novembre. D'une elle était devenue
multiple, de ronde callipyge, et de blanche brune. Cela nous
permit de noter que les indiennes ne portaient pas de
petites culottes! 9 novembre C'est au lever du soleil que le
campement des nomades paraissait le plus intemporel entre
les premières fumeroles des âtres et la brume. Déjà les
groupes se formaient pour les premières transactions et
tout cela dans un silence presque palpable. Après un dernier regard d'hélicoptère
de ce site grandiose, Monsieur Singh et son carrosse
devaient nous mener chez son altesse le Maharadjah de Samode
que nous voulions bien honorer de notre visite. Les fastes
des mille et une nuit surgissaient dans l'imaginaire de nos
compagnes d'autant plus que sa majesté était jeune et célibataire.
Pour arriver au château, comme dans tous les contes, il
fallait traverser une ville fantasmagorique et fantôme,
dans une vallée encaissée. Mais quel accueil : coup de
trompettes, haie d'honneur, tapis rouge, salves d'honneur...
Apéritif avec sa Seigneurie dans le grand salon et repas
agrémenté par de belles danseuses dont les sourires et les
déhanchements semblaient avoir emballé le caméscope de Gérard.
Et enfin le repos des guerriers dans des chambres qui
chacune était une pièce de musée. Le feu d'artifice avait
été tiré sur la terrasse avant 10 novembre Sur la route de JAIPUR
arrêt obligatoire au fort d'AMBER qui de loin semble
enveloppé dans la solitude et le silence et être un
ensemble de labyrinthes, de recoins, de places ombragées et
de murs de défense. De près, c'est la cohue pour y monter
à dos d'éléphant sous l'oeil goguenard des singes. Visite
du palais de style indo-moghol et départ vers Jaïpur. JAIPUR : petite cité entourée de
murailles d'un autre temps avec en arrière plan des
montagnes bleutées. Ses rues sont animées et la foule très
bigarrée la dominante du rouge éclatant des saris. Elle a
inspirée plus d'un voyageur et plus d'un poète. Pierre Loti exprimait son ravissement
devant la belle ville de " camaïeu rose ". Yves
Bonnefoy parlait de " cette grâce un peu rococo qui
fait le charme de Jaipur. ". André Malraux comparait
les façades des maisons de la ville " aux décors des
mille et une nuits de nos fêtes foraines. ". Après quelques achats (200 kg de
bagage supplémentaire !!!) visite de City Palace (vaste
ensemble de cours, jardins et temples reliés par de vastes
portes) et de l'observatoire astronomique de JANTAR MANTAR
de JAI-SINGH. Celui-ci est surprenant avec des
instruments de pierre et de plâtre, de fer et de cuivre qui
ressemblent plutôt à des sculptures d'une beauté profonde
et curieusement moderne. La magie naît de la simplicité même
et de la juxtaposition harmonieuse des courbes et des
droites. Il suffit de s'asseoir au milieu de la gigantesque
plate-forme circulaire du SAMMOT-YANTRA comme Jaï-Singh
a du le faire souvent il y a plus de 200 ans et de regarder
les étoiles et les planètes, à l’œil nu, pour tomber
sous le charme de ces instruments à l'aspect surréaliste.
La poésie qui s'en dégage naît d'une rencontre étonnante
entre l'art et la science. Gîte du jour: Hôtel VITAKA 11
novembre Avant de quitter la cité rose dernière
photo du palais des vents (HAWA-MAHAL) véritable
dentelle ocre d'où les femmes voilées pouvaient voir le
spectacle de la rue. Incroyable pâtisserie rose ! Sur la route d'AGRA visite de la ville
fantôme de FATHEPUR SIKRI (ancienne capitale d'AKBAR). Elle
est formée d'un ensemble de palais et d'une mosquée sur un
plateau rocheux. Nous n'avons pas vu la mosquée tout
"en ayant rien contre les musulmans !! " (Tapan). Juste avant le coucher du soleil arrivée
à Agra et au TAJ-MAHAL. Nous étions comme Moïse
arrivant dans la terre promise : muets et éblouis. Comme le
disait Edward LEAR : "Dorénavant les habitants de ce
monde seront divisés en deux catégories : ceux qui ont vu
le Taj-Mahal et ceux qui ne l'ont pas vu. ". Gîte du jour: Hôtel ASHKOK AGRA 12
novembre Pour les plus courageux visite du Taj-Mahal
au soleil levant. Là-bas au fond trônait superbement l'idéal
mausolée d'une blancheur plus neigeuse encore au dessus de
ces verdures sombres. Si comme le prétend le vieux proverbe
l'amour déplace les montagnes, il est bien plus rare qu'il
donne du travail aux architectes. A travers les siècles, en
effet, leurs constructions ont été le plus souvent inspirées
aux hommes par la foi, l'orgueil ou la vanité que par
l'amour, et le Taj-Mahal constitue à cet égard une véritable
exception puisqu'il se veut la représentation de l'amour
que SHAH JAHAN, empereur moghol portait à son épouse
favorite MUMTARIN MAHAL morte en couches. La sereine élégance du mausolée
entouré de jardins paisibles aux bassins enchanteurs exerce
une fascination sur le visiteur qui devient à son tour pèlerin. C'est un véritable chant de marbre,
de mort mais surtout d'amour. Autre centre d'intérêt d'Agra, le
fort Rouge avec ses ports imposants, ses douves, ses murs de
grès et à l'intérieur le palais privé et les
incontournables marchands qui vous proposent des marbres
incrustés des soieries, des broderies d'or et d'argent et
autres colifichets. Bien sûr l'avion avait encore du
retard ce qui nous fit arriver de nuit à KHAJURAHO. Gîte du jour: Hôtel ASHOK KHAJURAHO
13 novembre Matinée consacrée à la visite des
temples qui sont de véritables chefs d’œuvre
d'architecture se dressant vers le ciel telles des prières
et qui se trouvent dans un parc vaste et calme prêtant à
la rêverie et la méditation. Des frises sculptées
racontent des récits sur pierre qui relatent tous les
aspects de la vie humaine : combat, prière, action, repas,
désir... Jacqueline y aurait même vu une shampouineuse en
action, d'autres des scènes érotiques... Jean-pierre
(qui veut être vizir à la place du vizir) y a fait le
plein de documents iconographiques à usage personnel (gare
aux lumbagos Marie-jeanne !). Repos à l'hôtel et retard de l'avion
(si, si). A ce propos il était interdit d'avoir
des piles dans les bagages à main pendant les vols. Au
troisième vol on voyait encore errer des âmes en peine
pour savoir à quel moment il fallait les sortir des
appareils. A l'aéroport notre excédent de
bagage supérieur à 200 kg se transforma en 100 kg grâce
aux mathématiques indiennes et à la fameuse règle
Poids réel
----------------
=
Poids enregistré
Backchich Arrivée de nuit à VANARASI. Gîte du jour : Hôtel ASHOK VANARASI 14
novembre C'est la plus vieille ville
continuellement habitée. Elle a survécu à Babylone et
Ninive et reste immobile depuis des siècles. Elle s'étend
de l'embouchure de la VARANA avec le Gange jusqu'à l'ASI ghât
de Vanarasi soit environ une centaine de ghâts sur environ
quatre kilomètres. Elle a un charme intemporel et éthéré.
Malgré la misère ambiante elle est pleine de vie et
d'ardeur. Des milliers de pèlerins déferlent sans cesse
dans ses rues et ses ghâts pour se purifier dans l'eau du
Gange et lui confier leurs péchés sans se soucier des
observateurs. La religion semble loin : trop de vitalité et
de détails sordides, trop de concentration humaine, mais
peu à peu cette discordance s'estompe et une harmonie
transparaît. Ici par l'eau et le feu des hommes ont la
conviction de pouvoir échapper à l'angoisse d'être né,
d'y abandonner leur enveloppe terrestre et de s'affranchir
de toute nouvelle réincarnation. Mais aussi oublier l'usure
de la vie et les avatars. Bénarès terminus absolu où l'on
vient s'immerger et se purifier dans les flots verts jade
unis de la chevelure de Shiva. Bénarès aux visages
multiples, Bénarès ville sale : mendiants haillonneux, lépreux
indescriptibles, estropiés, cadavres parfois flottant sur
le Gange. Comme le disait Mark Twain
: "Je crois
qu'un microbe qui se respecte ne saurait vivre dans une eau
pareille ". Bénarès, ville de kermesse
quotidienne : des enfants s'éclaboussent, des astrologues
établissent des horoscopes, des fanatiques se livrent à
des contorsions stupéfiantes, des laveurs battant le
linge... Bénarès, ville de la musique : les
groupes de pèlerins rythment leurs chants sur des tambours
et des tambourins sans se soucier de ceux qui les précèdent
ou qui les suivent. Ainsi s'égrène un étrange et
merveilleux oratorio que nul n'a jamais composé. Le grand
cri monte de la foule immobilisée pour contempler les lieux
si longtemps espérés : "JA GANGA
MAIKI " (vive notre mère Gange). Bénarès, ville oubliée par le temps avec ses tours,
ses palais ocres, ses murailles à créneaux, ses temples
couverts d'or, juchés sur la falaise où vient heurter le
Gange sacré. Bénarès, ville de la vie puisqu'on y
vient pour s'y préparer à mourir. Bénarès nous l'avons vue le matin tôt
en descendant le Gange en barque, puis à pieds à travers
les ruelles avec un arrêt au temple de DURSA (temple des
singes) et au temple d'or. Après cette promenade nous avons fait
un crochet par SARNATH (ville historique de bouddhisme) pour
visiter le temple et le musée. L'avion pour Dehli ayant du retard
(choses qui peuvent arriver en Inde) certains en profitèrent
pour faire une sieste et d'autres pour refaire un tour sur
les ghâts à pieds. Arrivée à Dehli de nuit à l'Hôtel
VASANT Continental où après un dernier repas avec Tapan
vient l'heure cruelle de la séparation. Instant d'une
intensité dramatique rarement atteinte et qui déclencha
une véritable mousson lacrymale. Mais il est vrai que sans
lui nous aurions fait un autre voyage et sans aucun doute
entre le Taj Mahal, Pushkar et Bénarès il restera une
place dans nos cœurs pour Tapan. La fin du voyage ressemblait à un
rapatriement sanitaire. Mais quel beau périple ! Merci à Gérard
le grand absent omniprésent pour ce programme. Pour conclure (et comme à la télévision
française) merci aussi à chacun d'entre vous pour sa
contribution à la bonne ambiance du groupe : Yves pour son
rire rabelaisien, Dominique pour les étoiles de son tricot
et de son sourire, Jean-luc pour sa douce féminité, Marie-france
et Antoine d'avoir réussi une fille aussi mignonne, Jeanpierre
pour ses complots avortés, Sabine pour son éternelle
jeunesse, Anne-cécile pour son regard sur les autres,
Keskidi pour ses questions pertinentes, Chantal, Martine et
Betty pour leur esprit de famille, Philippe pour sa patience
avec les trois précédentes, le mari d'Alexandra pour son jésuitisme
souriant et ses casques à pointe, Marie-jeanne pour ses
bavardages avec Zimmermann, Gérard pour ses cavalcades juvéniles,
Nicole et Raoul pour leurs achats enthousiastes, Lucie et
Marcel nos siamois, Renée et Roland pour leur bonne humeur
constante... Après ces bavardages restent les
images de cette Inde, vaste musée de l'imaginaire. Face à
cette civilisation le voyageur se sent humble : comprendre
ce pays c'est s'obliger à un renoncement préalable. Car
ici la relation de l'homme au divin. est comparable à celle
qui lie l'océan à la vague : la vibration appartient aux
deux. A bientôt pour d'autres vibrations... Maurice
|