1992 Rajasthan
ACCUEIL Remonter ARTICHO BEAUX AVIONS POISSONS MHLOZI PECANWOOD NOS OISEAUX SIEGES MES FAVORIS

 

                                                                          

            " De l'obscurité conduis-moi à la lumière. 

             De l'ignorance conduis-moi à la connaissance. 

                                         De la mort, conduis-moi à la non-mort

                                                                                Texte sacré de USPANISHAOS

 

INDE,

mot magique évoquant des nuages d'encens

des souffles de jasmin

des odeurs de musc

de santal

de cardamome et

de patchouli.

Aucun pays au monde n'est capable de s'emparer du cœur et de l'âme du voyageur comme elle. Ses paysages, ses odeurs, ses bruits ont excités les imaginations occidentales depuis des siècles.

Mark Twain disait déjà : "Autant que je puisse en juger, rien n'a été épargné par l'homme ni par la nature de ce qui pouvait en faire le pays le plus extraordinaire visité par le soleil dans sa course".  

ler novembre 1992

De 31 participants prévus, nous n'étions plus que 24 au départ de Francfort. Déjà l'hécatombe commençait...

C'est en ordre dispersé que nous passâmes la première nuit commune sur un vol sans histoire pour DEHLI.

 

2 novembre                   DEHLI

Premier contact avec Tapan (Soleil levant), notre mentor, rencontre déterminante pour la suite de notre périple car sans lui notre voyage n'aurait pas eu la même dimension. Il représentait à lui seul toutes les facettes de son pays : connaissance, sagesse, hospitalité, débrouillardise et charme (n'est-ce pas Mesdames ?!). Peut-être étions nous tombés sur la dernière réincarnation de Bouddha ?

Le spectacle de la rue de la grande cité indienne donne une impression d'anachronisme. L'ample costume traditionnel alterne avec les complet vestons de bonne coupe, de séduisantes collégiennes en jeans (attention Jean-pierre) les cheveux dénoués côtoient les hommes à demi nus tirant des charrettes à bras chargés de sacs de grains, de blocs de glace ou de mobiliers divers. Des carrioles attelées de buffles avancent lentement mais à grand bruit; leur conducteur a beau tordre impatiemment la queue des animaux, ceux-ci, indifférents à ce traitement indigne, continuent leur rythme impassible. De maigres chevaux traînent des calèches à bout d'usure au milieu des voitures, des autobus et des taxis qui ne cessent de klaxonner.

La vache est omniprésente allant à sa guise par les ruelles et les grandes avenues. Les cyclistes le plus souvent ajoute à la confusion tandis que les mieux lotis foncent sur leur scooter sans égard pour leur compagne assise à l'arrière.

D'antiques camions décorés de paons et de couleurs vives portent sur le hayon l'inutile "Horn please".

Pour l'occidental en visite se déplacer d'un point à un autre de la ville au milieu de ce tohu-bohu semble une entreprise ne péril.

Malgré ces embouteillages nous avons pu voir le QUTB MINAR - imposant minaret de 72 mètres -, la mosquée QWWAT-OL-ISLAM, la colonne de fer, nous reposer un peu dans les jardins du mausolée moghol SADA-JANG, entre-apercevoir le Fort Rouge et faillit visiter le JAMA-MASJID - la plus grande mosquée de l'Inde -, malheureusement nous étions arrivés à l'heure de la prière. D'aucuns en ont profité pour acheter des fouets dont l'usage ne sera pas dévoilé ici.

Gîte du jour : Hôtel SIDDARTH.

  3 novembre                 DEHLI - UDAÏPUR

Début des vacances : lever 4 heures, départ hôtel 5 heures pour arriver à UDAIPUR à lO h 30 après 1 h 30 de vol. Inutile de sortir vos calculettes car ceci relève de la mathématique indienne. En passant n'oublions pas que ce sont les Indiens qui ont inventé le chiffre zéro, qui est la base de tout calcul.

Arrivés sur place nous étions attendus par une escouade de policiers armés de bâtons. Ces braves pandores étaient là pour nous ouvrir la route en raison d'une grève générale avec manifestation dans la ville.

A ce stade de notre périple intervient Monsieur SINGH, notre chauffeur, qui allait nous conduire jusqu'à AGRA. Ce magnifique Sikh avait une particularité étrange mais finalement peu gênante : il était retrancher derrière d'étranges lunettes probablement faites avec des culs de bouteilles de rhum local dont il était friand. Cela (les lunettes et le rhum) lui permettait d'aborder la circulation anarchique avec un calme et un sang-froid permanents (malgré les angoisses de Raoul). En outre il s'avérait être un séducteur hors pair et Betty eu beaucoup de mal à ne pas craquer.

Un palace pouvant en cacher un autre, c'est à l'hôtel RAJ-DASHAN que nous posâmes notre bagage.

Avec UDAIPUR nous entrâmes dans le RAJASTAN. La tradition épique et poétique est si forte dans ce pays qu'il est souvent difficile de séparer la vérité historique de la légende d'autant plus que l'histoire elle-même est romancée. C'est une terre antique où l'on découvre la grandeur du paysage, le contraste né de l'opposition entre le désert et la barrière montagneuse.

UDAIPUR -

Après avoir fait le plein de poésie et de sérénité ce fut une ruée échevelée sur des motos, des scooters et des Rickshaws à travers les ruelles vers l'embarcadère afin de faire un tour sur le lac. Du nirvana nous venions de passer sans transition dans un monde wagnérien avec Sabine ouvrant la marche telle une Walkirie sur un fier destrier tandis que Gérard en équilibre instable le coursait pour filmer cette séquence d'anthologie. Néanmoins nous étions encore 24 en arrivant au port. Après avoir dédaigneusement contourné JAG-NIVAS - palace ringard où l'on voulait nous faire dormir - nous avons admiré JAC MANDOR Palace, petite résidence plus intimiste. Même Stendhal était pris par le charme de ce lac qu'il comparait au lac de Côme.

4 novembre               UDAÏPUR - JODPHUR

Quelques lèves tôt ne voulurent pas quitter Udaïpur sans revoir le ghât eu soleil levant. Devant ce spectacle comment ne pas penser à ces quelques vers du chant de Krishna à Râdhâ :

    "Ô mon aimée dis-moi qui est cette femme inconnue au teint doré ? Je la voit se baignant au ghât. Sur le bord de la rivière Yamaranâ, elle s'était assise les jambes croisées dans l'eau, sur le sari dont elle s'était dépouillé. Son collier d'or se balançait sur ses seins nus pareils aux collines de Sommeran. "

C'est vrai qu'ici les femmes ont des ports de reine quelque soit leur condition avec leurs tenues contrastées avec des couleurs soyeuses allant de l'orange au jaune en passant par le rouge profond des saris et avec leurs lourds bracelets d'argent ornant leur cou, leurs chevilles et leurs poignets.

Philippe B. et Yves trouvaient aussi les hommes très beau avec leurs fières moustaches et leurs longs turbans sans que pour autant leur couple en fut perturbé.

Après le petit déjeuner, tour rapide au City Palace pour visiter le palais du Maharadjah avant de reprendre la route vers Jodhpur.

Nous étions à peine à J4 et déjà la consommation de rouleaux cellulosiques prenait de l'ampleur...

A quelques kilomètres d'Udaipur nous visitâmes le temple de RAMAPURI avec son magnifique Nandu avant de déjeuner en route avec au menu : riz, choux-fleurs, courgettes et des os en sauce... (comme les jours précédents et tous ceux à suivre). Cela avait le mérite d'éviter de discuter de 'bouffe'. Encore qu'il y eut des nostalgiques des salades mixtes... Enfin nous étions là pour la culture et nous fûmes récompensés par la visite des joyaux des temples jaïns de RANAKPUR.

Gîte du jour: RAJANA POLO Hôtel.

5 novembre    JODPHUR - JAISALMER

Avant de prendre la route du désert, visite du fort de Jodhpur dominant la ville au sommet des roches escarpées et abritant le palais princier, les autres palais et les temples. Du sommet des remparts on pouvait embrasser du regard la ville bleue.

Après ce survol de Jodhpur, tels les anciens caravaniers de la route des épices et de la soie, nous partîmes vers le désert du THAR en direction de JAISALMER, dernière étape avant le Pakistan.

Ce périple un peu long sur ces routes poussiéreuses nous permis de respirer les parfums les plus divers mais ils en étaient venant de l'avant du bus - malgré les dénégations de Nicole - qui gênaient énormément ceux du fond (c'est là qu'on les reconnaît : Jean-luc, Yves, Philippe B. - au nom prédestiné ... ). Une analyse fine faite par nos pharmaciennes (Anne-cécile et Dominique) concluait à un mélange à base de malt fermenté. Mais n'était-ce pas cela aussi la vie en promiscuité ?

Enfin, plusieurs pintes de whisky plus loin, certains virent encore sur le plateau de Triata, Jaisalmer, la ville de grès jaune qui semblait avoir été oubliée en plein désert.

Gîte du jour : KANILIPRIYA Hôtel - pénitencier dont les sanitaires et la literie devaient dater du dernier séjour de Marco Polo.

 

6 novembre              JAISALMER

 

Visite du fort se trouvant sur un des plateaux. Celui-ci est coiffé de 8 ombrelles car les Maharadjahs prétendant être les descendants de Krishna posséderaient une ombrelle. L'ancienne ville se trouve dans la citadelle où l'on entre par la porte du soleil. Cette cité regorge de temples hindous, jaïns (temple de LAKSHI) et de ruelles pittoresques. C'est ici que les SILAVAS (tailleurs de pierres de père en fils) ont trouvés leur expression parfaite dans les HAVELIS (demeures de riches marchands). Ces constructions où le quotidien est proche du rêve sont aujourd'hui abandonnées ou occupées par des boutiquiers. A défaut d'être émerveillés, on ne peut qu'admirer ces balcons en saillie très ouvragés.

A l'est de la ville un petit havre de paix à GADHI-SAR, bassin construit par une courtisane, auquel on accède par une belle porte. Avent de quitter Jaisalmer, encore un petit détour par BADA BATH (ensemble de cénotaphes en grès jaune de style Moghols érigées à l'endroit de l'incinération des Maharadjahs). C'est dans ce sanctuaire que nous apprîmes qu'il y avait des Tamouls maboules, mais que tous les maboules n'étaient pas Tamouls.

Une fois le soleil couché, il nous restait à aborder la nuit dans le train. Instant tout attendu. Qui n'a pas rêvé de l'Orient-Express, du Transsibérien ou des trains des Maharadjahs ? Déjà les wagons blancs immaculés, frappés du blason princier avec salons et intérieur en bois massif attendait sur l'unique quai. Nous dûmes rapidement déchanter car nous n'avions que des wagons lère classe. Ceux-ci relevaient d'un croisement incestueux entre une bétaillère et un train pénitentiaire oublié dans un hangar depuis le départ des Anglais, car même les toiles d'araignées étaient d'époque. La literie était composée de deux mouchoirs à carreaux qui semblaient avoir été oubliés par une femme de ménage négligente. Par contre le personnel se composant d'un "gardien-contrôleur­chiromancien-portier" était très stylé. Selon le bakchich espéré il vous prédisait un avenir radieux.  

7 novembre        JAISALMER - JODPHUR

Après une nuit froide que certains espéraient chaude (pas vrai Chantal ?) nous nous retrouvâmes au RAJANDA - POLO pour un petit déjeuner reconstituant.

Pour nous aérer un peu, nous avons fait un petit tour à MANDORE (ancienne capitale MAGWAR) dans un jardin verdoyant où régnaient de nombreux oiseaux et de petits écureuils rayés si utiles à l'art pictural local. Dans ce parc se trouvait la "Galerie des héros" (série de statues naïves de 12 guerriers à cheval et armés, taillées dans le roc et peintes avec des couleurs criardes) ainsi qu'une série de temples hindous.

Après une petite sieste bien méritée, enfin un bain de foule dans le bazar de la Tour de l'Horloge où pour une fois nos compagnes atteintes de la fièvre acheteuse n'ont pas fait de dépenses somptuaires. Ici foule bigarrée, odeurs, couleurs, étalages de légumes et de fruits, d'épices, de bric-à-brac, de bracelets de verre, cotonnades et les incontournables bouses de vache.

Retour en bas en calèche (assemblage de planches hétéroclites sur deux roues tirés par des chevaux faméliques). Scène épique dans les rue car cela ressemblait fort à une course de char dans un péplum de série B.

La soirée au bord de la piscine nous permis de découvrir le vrai visage de Jean-luc grâce aux petites mains de Chantal et à la complicité d'Yves. Mon dieu que Jeanne-luce était bien maquillée, ornée de bijoux et vêtue d'une robe on ne peut plus suggestive. Quel beau présent pour un ex-président despote.

8 novembre             JODPHUR - PUSHKAR

Enfin une route vers la terre promise de PUSHKAR pour les fameuses fêtes de la nuit de la pleine lune de novembre.

Depuis la nuit des temps chaque année les Rajputs guident d'innombrables troupeaux de dromadaires vers la plaine où se trouve le lac sacré apparu à l'endroit de la chute d'un pétale de lotus que Brahmâ tenait en main et avec lequel il avait occis un démon qui terrorisait la région. Ces festivités rassemblent à la fois un culte à Brahmâ, un commerce agricole, une fête foraine, bref une fête de couleurs et de joie avec comme toujours l'omniprésence des marchands du temple.

Après quelques ablutions et incantations (et du bakchich) certains eurent un passeport pour l'éternité ce qui leur donna le courage doublé d'une bonne dose d'inconscience pour monter sur une grande roue qui était un défi aux lois physiques et mécaniques élémentaires.

Autour du temple de Brahmâ, véritable cour des miracles, se regroupent les pèlerins, les mendiants, les prêtres transcendés par la drogue. Mais dès qu'on s'éloignait dans les dunes silencieuses où se trouvaient les troupeaux et leurs gardiens, le spectacle devenait biblique et on laissait errer ses pensées au rythme des dromadaires dodelinant de leur pas lent à la poursuite d'un horizon, entre ciel et terre, qui recule sans cesse.

C'est en rentrant à travers ces dunes pour retourner à notre campement que nous fûmes frappés par la pleine lune de novembre. D'une elle était devenue multiple, de ronde callipyge, et de blanche brune. Cela nous permit de noter que les indiennes ne portaient pas de petites culottes!

 

9 novembre           PUSHKAR - SAM ODE

C'est au lever du soleil que le campement des nomades paraissait le plus intemporel entre les premières fumeroles des âtres et la brume. Déjà les groupes se formaient pour les premières transactions et tout cela dans un silence presque palpable.

Après un dernier regard d'hélicoptère de ce site grandiose, Monsieur Singh et son carrosse devaient nous mener chez son altesse le Maharadjah de Samode que nous voulions bien honorer de notre visite. Les fastes des mille et une nuit surgissaient dans l'imaginaire de nos compagnes d'autant plus que sa majesté était jeune et célibataire. Pour arriver au château, comme dans tous les contes, il fallait traverser une ville fantasmagorique et fantôme, dans une vallée encaissée.

Mais quel accueil : coup de trompettes, haie d'honneur, tapis rouge, salves d'honneur... Apéritif avec sa Seigneurie dans le grand salon et repas agrémenté par de belles danseuses dont les sourires et les déhanchements semblaient avoir emballé le caméscope de Gérard. Et enfin le repos des guerriers dans des chambres qui chacune était une pièce de musée. Le feu d'artifice avait été tiré sur la terrasse avant

 

10 novembre         SAMODE - JAÏPUR

Sur la route de JAIPUR arrêt obligatoire au fort d'AMBER qui de loin semble enveloppé dans la solitude et le silence et être un ensemble de labyrinthes, de recoins, de places ombragées et de murs de défense.

De près, c'est la cohue pour y monter à dos d'éléphant sous l'oeil goguenard des singes. Visite du palais de style indo-moghol et départ vers Jaïpur.

JAIPUR : petite cité entourée de murailles d'un autre temps avec en arrière plan des montagnes bleutées. Ses rues sont animées et la foule très bigarrée la dominante du rouge éclatant des saris. Elle a inspirée plus d'un voyageur et plus d'un poète.

Pierre Loti exprimait son ravissement devant la belle ville de " camaïeu rose ". Yves Bonnefoy parlait de " cette grâce un peu rococo qui fait le charme de Jaipur. ". André Malraux comparait les façades des maisons de la ville " aux décors des mille et une nuits de nos fêtes foraines. ".

Après quelques achats (200 kg de bagage supplémentaire !!!) visite de City Palace (vaste ensemble de cours, jardins et temples reliés par de vastes portes) et de l'observatoire astronomique de JANTAR MANTAR de JAI-SINGH.

Celui-ci est surprenant avec des instruments de pierre et de plâtre, de fer et de cuivre qui ressemblent plutôt à des sculptures d'une beauté profonde et curieusement moderne. La magie naît de la simplicité même et de la juxtaposition harmonieuse des courbes et des droites. Il suffit de s'asseoir au milieu de la gigantesque plate-forme circulaire du SAMMOT-YANTRA comme Jaï-Singh a du le faire souvent il y a plus de 200 ans et de regarder les étoiles et les planètes, à l’œil nu, pour tomber sous le charme de ces instruments à l'aspect surréaliste. La poésie qui s'en dégage naît d'une rencontre étonnante entre l'art et la science.

Gîte du jour: Hôtel VITAKA

 

11 novembre            JAÏPUR - AGRA

Avant de quitter la cité rose dernière photo du palais des vents (HAWA-MAHAL) véritable dentelle ocre d'où les femmes voilées pouvaient voir le spectacle de la rue. Incroyable pâtisserie rose !

Sur la route d'AGRA visite de la ville fantôme de FATHEPUR SIKRI (ancienne capitale d'AKBAR). Elle est formée d'un ensemble de palais et d'une mosquée sur un plateau rocheux. Nous n'avons pas vu la mosquée tout "en ayant rien contre les musulmans !! " (Tapan).

Juste avant le coucher du soleil arrivée à Agra et au TAJ-MAHAL. Nous étions comme Moïse arrivant dans la terre promise : muets et éblouis. Comme le disait Edward LEAR : "Dorénavant les habitants de ce monde seront divisés en deux catégories : ceux qui ont vu le Taj-Mahal et ceux qui ne l'ont pas vu. ".

Gîte du jour: Hôtel ASHKOK AGRA

 

12 novembre         AGRA - KHAJURAHO

Pour les plus courageux visite du Taj-Mahal au soleil levant. Là-bas au fond trônait superbement l'idéal mausolée d'une blancheur plus neigeuse encore au dessus de ces verdures sombres.

Si comme le prétend le vieux proverbe l'amour déplace les montagnes, il est bien plus rare qu'il donne du travail aux architectes. A travers les siècles, en effet, leurs constructions ont été le plus souvent inspirées aux hommes par la foi, l'orgueil ou la vanité que par l'amour, et le Taj-Mahal constitue à cet égard une véritable exception puisqu'il se veut la représentation de l'amour que SHAH JAHAN, empereur moghol portait à son épouse favorite MUMTARIN MAHAL morte en couches.

La sereine élégance du mausolée entouré de jardins paisibles aux bassins enchanteurs exerce une fascination sur le visiteur qui devient à son tour pèlerin.

C'est un véritable chant de marbre, de mort mais surtout d'amour.

Autre centre d'intérêt d'Agra, le fort Rouge avec ses ports imposants, ses douves, ses murs de grès et à l'intérieur le palais privé et les incontournables marchands qui vous proposent des marbres incrustés des soieries, des broderies d'or et d'argent et autres colifichets.

Bien sûr l'avion avait encore du retard ce qui nous fit arriver de nuit à KHAJURAHO.

Gîte du jour: Hôtel ASHOK KHAJURAHO

 

  13 novembre        KAJURAHO - BENARES

Matinée consacrée à la visite des temples qui sont de véritables chefs d’œuvre d'architecture se dressant vers le ciel telles des prières et qui se trouvent dans un parc vaste et calme prêtant à la rêverie et la méditation. Des frises sculptées racontent des récits sur pierre qui relatent tous les aspects de la vie humaine : combat, prière, action, repas, désir... Jacqueline y aurait même vu une shampouineuse en action, d'autres des scènes érotiques... Jean-pierre (qui veut être vizir à la place du vizir) y a fait le plein de documents iconographiques à usage personnel (gare aux lumbagos Marie-jeanne !).

Repos à l'hôtel et retard de l'avion (si, si).

A ce propos il était interdit d'avoir des piles dans les bagages à main pendant les vols. Au troisième vol on voyait encore errer des âmes en peine pour savoir à quel moment il fallait les sortir des appareils.

A l'aéroport notre excédent de bagage supérieur à 200 kg se transforma en 100 kg grâce aux mathématiques indiennes et à la fameuse règle

                Poids réel

                ----------------    =  Poids enregistré

                Backchich

 

Arrivée de nuit à VANARASI.

Gîte du jour  :   Hôtel ASHOK VANARASI

 

14 novembre         VANARASI (BENARES)

C'est la plus vieille ville continuellement habitée. Elle a survécu à Babylone et Ninive et reste immobile depuis des siècles. Elle s'étend de l'embouchure de la VARANA avec le Gange jusqu'à l'ASI ghât de Vanarasi soit environ une centaine de ghâts sur environ quatre kilomètres. Elle a un charme intemporel et éthéré. Malgré la misère ambiante elle est pleine de vie et d'ardeur. Des milliers de pèlerins déferlent sans cesse dans ses rues et ses ghâts pour se purifier dans l'eau du Gange et lui confier leurs péchés sans se soucier des observateurs. La religion semble loin : trop de vitalité et de détails sordides, trop de concentration humaine, mais peu à peu cette discordance s'estompe et une harmonie transparaît. Ici par l'eau et le feu des hommes ont la conviction de pouvoir échapper à l'angoisse d'être né, d'y abandonner leur enveloppe terrestre et de s'affranchir de toute nouvelle réincarnation. Mais aussi oublier l'usure de la vie et les avatars.

Bénarès terminus absolu où l'on vient s'immerger et se purifier dans les flots verts jade unis de la chevelure de Shiva. Bénarès aux visages multiples, Bénarès ville sale : mendiants haillonneux, lépreux indescriptibles, estropiés, cadavres parfois flottant sur le Gange.

Comme le disait Mark Twain  :  "Je crois qu'un microbe qui se respecte ne saurait vivre dans une eau pareille ".

Bénarès, ville de kermesse quotidienne : des enfants s'éclaboussent, des astrologues établissent des horoscopes, des fanatiques se livrent à des contorsions stupéfiantes, des laveurs battant le linge...

Bénarès, ville de la musique : les groupes de pèlerins rythment leurs chants sur des tambours et des tambourins sans se soucier de ceux qui les précèdent ou qui les suivent. Ainsi s'égrène un étrange et merveilleux oratorio que nul n'a jamais composé. Le grand cri monte de la foule immobilisée pour contempler les lieux si longtemps espérés : "JA GANGA MAIKI " (vive notre mère Gange).

Bénarès, ville oubliée par le temps avec ses tours, ses palais ocres, ses murailles à créneaux, ses temples couverts d'or, juchés sur la falaise où vient heurter le Gange sacré.

Bénarès, ville de la vie puisqu'on y vient pour s'y préparer à mourir.

Bénarès nous l'avons vue le matin tôt en descendant le Gange en barque, puis à pieds à travers les ruelles avec un arrêt au temple de DURSA (temple des singes) et au temple d'or.

Après cette promenade nous avons fait un crochet par SARNATH (ville historique de bouddhisme) pour visiter le temple et le musée.

L'avion pour Dehli ayant du retard (choses qui peuvent arriver en Inde) certains en profitèrent pour faire une sieste et d'autres pour refaire un tour sur les ghâts à pieds.

Arrivée à Dehli de nuit à l'Hôtel VASANT Continental où après un dernier repas avec Tapan vient l'heure cruelle de la séparation. Instant d'une intensité dramatique rarement atteinte et qui déclencha une véritable mousson lacrymale. Mais il est vrai que sans lui nous aurions fait un autre voyage et sans aucun doute entre le Taj Mahal, Pushkar et Bénarès il restera une place dans nos cœurs pour Tapan.

La fin du voyage ressemblait à un rapatriement sanitaire. Mais quel beau périple ! Merci à Gérard le grand absent omniprésent pour ce programme.

Pour conclure (et comme à la télévision française) merci aussi à chacun d'entre vous pour sa contribution à la bonne ambiance du groupe : Yves pour son rire rabelaisien, Dominique pour les étoiles de son tricot et de son sourire, Jean-luc pour sa douce féminité, Marie-france et Antoine d'avoir réussi une fille aussi mignonne, Jean­pierre pour ses complots avortés, Sabine pour son éternelle jeunesse, Anne-cécile pour son regard sur les autres, Keskidi pour ses questions pertinentes, Chantal, Martine et Betty pour leur esprit de famille, Philippe pour sa patience avec les trois précédentes, le mari d'Alexandra pour son jésuitisme souriant et ses casques à pointe, Marie-jeanne pour ses bavardages avec Zimmermann, Gérard pour ses cavalcades juvéniles, Nicole et Raoul pour leurs achats enthousiastes, Lucie et Marcel nos siamois, Renée et Roland pour leur bonne humeur constante...

Après ces bavardages restent les images de cette Inde, vaste musée de l'imaginaire. Face à cette civilisation le voyageur se sent humble : comprendre ce pays c'est s'obliger à un renoncement préalable. Car ici la relation de l'homme au divin. est comparable à celle qui lie l'océan à la vague : la vibration appartient aux deux.

A bientôt pour d'autres vibrations...

Maurice