« Si
quelque chose arrive, n'en parle,
eau
répandue ne se recueille pas. »
( CONFUCIUS )
CHINE
88
J1
- Francfort-Pekin
- Lundi 31 Octpbre 1988.
Vol Cathay Pacific CX288 décollant à 14h20.
Nous
étions
49
à
partir,
ils étaient un milliard
et 76 millions à nous attendre dans cette vaste Chine...
J2
- Pekin et La Grande Muraille
- mardi 1er Novembre 1988.
Le choc était
inévitable et il eut lieu dès notre première étape : Pékin.
Arrivée après un stop à
Hong Kong de 09:25 à 12h00
pour finir sur le vol CX330.
Si la
Chine est fascinante et mystérieuse, Beijing est la clé de
ce mystère que nous n’approcherons que le 3ème
jour, après avoir fait l’incontournable tour sur la
GRANDE MURAILLE.
Comme on
aimerait être seul (ou à deux) en un point de cette
fantastique construction ou, au moins s’y isoler et y rêver
une ou deux heures.
Retour par
les tombeaux MING (voir
vos guides) et soirée au cirque.
Nuit à l' Hôtel QUANMEN.
J3
- Pekin
- Mercredi 2 Novembre 1988. 4 °C.
C’est
donc à l’aube du 3ème jour que nous avons eu
la révélation de la capitale chinoise. D’abord autour de
l’Hôtel QUIANMEN où rapidement nous nous rendîmes
compte que les fourmis bleus chères à MAO étaient mues
par les mêmes rêves que nous : le costume MAO recule,
les femmes ont retrouvé l’usage des bigoudis, les petits marchands et artisans ont repris possession des
trottoirs.
Drôle de
ville où il n'y a
pas de chien (nous apprendrons plus tard pourquoi ! ),
où l’on
promène les oiseaux et où jeunes et anciens font leur
gymnastique matinale dans la rue.
Autre choc : les Vélos.
Il y en a 6
millions et pas un seul avec un phare.
Théoriquement
la priorité est à droite, mais en fait, c’est la loi du
plus fort ou du plus inconscient.
Le cycliste a son instinct et sa bonne
étoile.
Mais PEKIN
c'est aussi la place TIAN AN MEN où se concentre le style réaliste
socialiste, pur chef d'oeuvre de l'architecture stalinienne
dont l'impression pesante est rapidement effacée par la CITE INTERDITE et ses Palais harmonieux.
Construite sur 72 hectares
au XVI siècle par GU GONG, elle offre sa succession de cours et de palais aux
toitures élégantes d'un charme unique au monde.
Puis,
petit tour dans la RUE DES ANTIQUAIRES et enfin, l’éblouissement
azur, sous le soleil couchant, de la triple toiture du
Temple de la Prière pour les bonnes moissons dans le TEMPLE du CIEL.
Peut être
était-ce la forme
la plus accomplie de l'art chinois ?
J4
-Pekin
- jeudi 3 Novembre 1988.
PEKIN c’était
aussi le canard laqué servi tôt (18 h) et vite, car les
camarades travailleuses servant les visiteurs-amis rentrent
à 19h30 (difficile mariage de la propriété d’état et
de la flexibilité du travail).
PEKIN c’était encore la Poussière ....
« Pékin, cerf-volant sur un tas d'ordure
peindre
un Papillon bigarré, un épervier...
et mille ans de poussière
qui vole, vole, vole, vole … »
BIAN-ZHILIN
J5
-Pekin- Shanghai
- vendredi 4 Novembre 1988 - 6,5°C.
Le cinquième
jour, nous prîmes un peu brutalement (merci la CAAC)
contact avec SHANGHAI. La seule évocation de cette cité
emplit encore notre esprit occidental d’images
fantastiques et exotiques : un port animé, le jeu, les
trafics de toutes sortes, la corruption, l’opium,
l’aventure, les femmes….
En fait nous trouvâmes surtout une grande cité urbaine et industrielle, énorme
phare de la Chine nouvelle. Dans la concession « ex »
française on
retrouvait un aspect occidental avec des constructions des
années trente. Une promenade sur le BUND, le long du fleuve
HUANGPU nous a permis de comprendre l’usage des bus
chinois. Pour « prendre » place à bord, il faut
pousser ceux de devant, repousser ceux de derrière, jouer
des coudes, piétiner, enjamber, ruser, forcer et éventuellement
négocier.
Cette
cohue indescriptible, nous la retrouvions pour arriver à
l’ancienne maison de thé de ce brave mandarin YU.
Quel
exploit pour y arriver à travers les ruelles bordées de
maisons de bois. Ici les embouteillages étaient l’œuvre
des piétons.
Nuit au PEOPLE'S HOTEL.
J6
- Shanghai-Suzhou
- Shanghai - Samedi 5 Novembre 1988 - 6,5°C.
Le
lendemain, nouvelle découverte : le train en direction
de SUZHOU. La
flânerie dans cette vieille cité
ombragée de platanes et de longs canaux nous mènera
tour à tour du « jardin de la politique des simples »,
à celui « du Maître des filets ».
Après un rapide crochet au Temple de
la Montagne Froide (d’intérêt limité) nous avons pu
avoir une idée du trafic intense sur le GRAND CANAL en nous
promenant sur un bateau. Avant de reprendre le train, nous fûmes
initiés à la préparation des fils de soie (triage des
cocons, ébouillantage pour dissoudre la gélatine, dévidage,
rembobinage et contrôle)
Retour à Shanghai le soir.
J7
- 8 - 9 Shanghai - Xiang et l'Armée de Terre cuite- Guilin.
Dimanche 6 Novembre 1988.
Le 7ème
jour avant l’envol vers XIANG, notre dernier regard sur
SHANGHAI fut pour le musée avec sa magnifique collection de
bronzes surtout à usage viticole (donc touchant notre
sensibilité) et le TEMPLE DU BOUDDHA DE JADE toujours ouvert au culte.
Le jour
suivant fut consacré au MUSEE PROVINCIAL avec sa fameuse
FORET DE STELES et enfin la découverte de L’ARMEE EN
TERRE CUITE de QIN SHI HUANG DI, sans doute la trouvaille
archéologique la plus spectaculaire du XXème siècle. Face
à cette armée d’outre-tombe forte de 6000 fantassins et
cavaliers, nous sommes restés cloués sur place, comme
l’ennemi supposé qu’elle attend depuis des millénaires.
A XIAN, nous avons encore fait un tour au parc
des sources thermales de HUAQING et à la pagode de l’OIE SAUVAGE.
Après un
dernier regard sur cette cité du haut de ses remparts, un
nouveau vol de la CAAC nous amena à GUILIN avec ses
paysages chers aux poètes et peintres SONG.
Nous y séjournâmes
deux jours et demi, qui nous menèrent de la MONTAGNE AUX
COULEURS ACCUMULEES à
la grotte de la FLUTE DE ROSEAU.
En suivant
les détours de la rivière LIJIANG, chacun pu se perdre
dans la contemplation des
montagnes en pain de sucre sortant de
la brume et les admirer, le souffle coupé par tant de beauté
jetée à profusion (n'est-ce pas les joueurs de belote ?)
GUlLIN était
aussi l'occasion pour quelques audacieux de se donner des
frayeurs à vélo, en se mêlant
à la marée des cyclistes.
C’était
encore l'occasion de visiter un hôpital. Nouvelle surprise
car nous avons pu voir ce
nous voulions et ma foi, l’équipement était fort correct
pour un établissement de cette taille. Certes l’hôtellerie
laissait à désirer…
Nuit à l'Hôtel LIJING. 15°C.
J10
-11 - 12- Guilin - Canton - Macao
Encore un
coup d'aile et nous entamions déjà notre 10ème
journée chinoise à CANTON (GUANZHOU). Notre visite :
le TEMPLE DES SIX BANIANS, la maison de la famille CHEN et ses bonzaïs, l’île de SHAMIAN, (ancien quartier des
concessions) et enfin le marché libre. Nuit à l'Hôtel White Swan près de
l'île Shamian.
En
visitant ce marché dont nous ne parlerons pas (par égard
pour les âmes sensibles), on comprend mieux les mauvaises
langues qui prétendent que les chinois mangent tout ce qui
vole, sauf les avions, tout ce qui flotte hormis les bateaux
et tout ce qui a des pieds en dehors des tables et des
chaises.
La Chine
est mère de multiples inventions, mais il semble que ce
soit dans la cuisine qu’elle ait inventé le plus de
science et de passion. Cette cuisine a dû résoudre une
redoutable équation : énormément pauvre et peuplée,
sans cesse menacée par les calamités naturelles et la
disette, la CHINE a du s’accommoder de nourriture aussi
insolite que peu coûteuse.
Un bus
nous menant de CANTON à MACAO, nous a fait découvrir le
« disco » chinois (doux euphémisme pour
justifier les secousses occasionnées par les routes défoncées).
MACAO, nouveau cliché : « l’enfer
du jeu ». Sur l’estuaire de la Rivière des Perles,
elle fait figure de parent pauvre de HONG KONG. En dehors de
la façade en trompe l’œil de la cathédrale SAINT PAUL,
et des vieilles ruelles ibériques, tout sent le toc. A
commencer par l’invraisemblable Hôtel LISBOA qui semble
sorti de Disney world, d’une exposition universelle ou de
l’imagination du roi du pétrole, jusqu’aux
croupiers et hôtesses aux robes d’un mauve douteux.
Nous y avons laissé notre obole, sauf
deux chanceux.
Nuit à l'Hôtel ROYAL
J13
- Macao - Hong Kong
Enfin dernière étape, HONG KONG : carrefour de l’extrême orient et de l’occident extrême,
Babel chinoise de la réussite économique insolente, image
même du capitalisme triomphant
sous l’œil étonné de Karl Marx.
Dans la baie glissent les jonques
d’antan et les sampans qui évoquent les pirates des mers
du sud sur un décor à l’américaine. Derrière les géants
de béton, de verre et d’acier fourmille un peuple
d’artisans et de boutiquiers, les ateliers s’empilent,
les enseignes se superposent, les échoppes se
multiplient… Entre mer et montagne, c’est l’empire du
commerce avec sa densité de population 5.078 h/km²,
(la France aurait 2.800 millions d’habitants)
Sur le plan religieux, on y trouve des
bouddhistes, des musulmans, des chrétiens et des « ratés »,
d’après notre guide « Coco ».
Nuit à l'Hôtel PARK.
J14 - Hong Kong. 24°C.
Cette dernière journée dans cette mégalopole
commerçante devait être libre, d’après notre programme.
Ce fut la plus contraignante pour
beaucoup d’entre nous (je pense aux maris, bien sûr !)
J15 - 16 Hong Kong - Arrivée
à Francfort
A 49, nous partîmes et nous fûmes
autant au retour et cela sans avatar, grâce à l’ouverte
curiosité de cœur de chacun d’entre nous et surtout à
l’efficacité discrète de Gérard.
Cette exploration du monde chinois a
été nécessairement superficielle, mais elle nous a permis
de gommer certaines idées reçues et de nous connaître
nous-même. Ce qui n’est déjà pas si mal.
Je
laisserai la conclusion à Musset :
« Un souvenir heureux est peut-être sur terre plus vrai que le bonheur »
Merci encore à vous tous et au prochain voyage, peut-être ?.
MAURICE.
PS :
Un mot encore de linguistique : l 'idiome chinois le
plus répandu semble être SHOP, mais le sens de ce mot m’échappe
encore ……….